LE TRAIT – Episode 38 – Claude Courtecuisse
Signé « Courtecuisse »
Il nous fallait réparer l’injustice qui fait de Claude Courtecuisse, 80 ans, le contemporain de Raymond Loewy et Roger Talon, une personnalité importante de l’histoire du design, mais dont le nom reste peu connu …Il a néanmoins été récemment évoqué avec la réédition par Monoprix de ses collaboration cultes. L’enseigne souhaitait rééditer son fauteuil Apollo conçu pour Prisunic à une époque où, sous l’impulsion de Denise Fayolle, Prisunic faisait alors la promotion du « Beau au prix du laid »…
Claude Courtecuisse a commencé sa carrière en concevant un fauteuil léger en carton, cinq ans avant Franck Gehry. Son père était négociant en carton et, cette matière dit-il, lui était familière. Un succès immédiat ! C’est encore lui qui, dix-sept ans avant Philippe Starck, crée la première chaise en plastique transparente.
Esprit alerte et toujours branché sur son époque, Claude Courtecuisse livre une réflexion intéressante sur le design et l’art, ou plutôt les deux à la fois car, pour lui, les démarches sont liées. Et il n’aime rien tant que les performances artistiques…
VERBATIM
« Il y avait les cartonneries de la Lys dans le Nord, très florissantes et j’ai participé en 1967 au salon des décorateurs. J’ai eu le prix de création à 27-28 ans pour mes chaises en carton ».
« On était dans une société où les modes de vie allaient changer : on n’achetait plus son salon pour la vie. On a conçu des mobiliers adaptables, éphémères… Nord Eclair a titré à l’époque : Avec M. Courtecuisse, le durable est démodé. Aujourd’hui un tel titre ne serait plus acceptable… ».
« J’ai utilisé le plastique qui était un matériel très nouveau, il semblait résoudre beaucoup de problèmes dans la société de l’époque. On ne savait pas que, dans la production, il y aurait des nuisances… ».
« Déjà, à l’époque, je voulais faire des performances… ».
« J’ai déplacé ma culture du design dans le domaine des installations ».
«On est dans une mutation planétaire des échanges. Ce qui m’interroge, c’est l’impact sur les relations sociales, l’identité profonde et la capacité de regarder le monde ».
Questionnaire de Proust :
Occupation idéale
Les premiers traits que je dessine sur une feuille blanche.
Le pays où j’aimerais vivre
La France en raison de sa richesse de territoire et de culture, une France que j’ai parcouru en voiture enfant pendant les grandes vacances et plus tard adulte, j’ai continué.
Un /des Créateurs (au sens large)
Marcel Duchamp pour ses Ready Made. Caravage, au travers de l’humanité qui se dégage des personnages de ses peintures.
Une couleur
Rose.
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle
Mankievicz, Hitchcock, Lubitsch, Renoir pour son film « la règle du jeu »
Ce que je déteste le plus
Les tags
Ce que j’apprécie le plus chez les autres
Leur présence, leur écoute, leur partage dans les échanges
L’état présent de mon esprit
Tristesse, angoisse liée au vieillissement, à la perte probable d’autonomie
La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
La maladresse
Ma devise
L’horizon est toujours à hauteur Dieu.
L’Art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’Art pour citer Robert Filliou
Le monde de demain en quelques mots ?
Passionnant, effrayant. Profondément interrogatif sur les mutations à venir.
Espoir de l’émergence d’une nouvelle forme d’intelligence.