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Le Trait-# 44- Le goût de la terre avec Gilles Clément

 

 

Jardinier, paysagiste, enseignant, écrivain… Gilles Clément, né en 1943, mène un combat incessant pour la nature et la protection de la diversité. Il porte la conviction qu’il faut cesser de vouloir maîtriser la nature à tout prix et respecter le comportement des espèces. Il a installé à Crozant dans la Creuse en 1977, sa maison «autonome» comme il le raconte dans l’épisode, mais aussi son laboratoire de jardinier. Il défend la dynamique du monde vivant et une intervention humaine limitée, peu ou pas de pesticides ou engrais.

Selon lui, on a fait des paysans « des esclaves de l’agro-business ». Ils n’ont plus la liberté de faire ce qu’ils pensent bien pour leurs terres.

De formation ingénieur horticole et paysagiste (Institut national d’horticulture et du paysage à Angers), il regrette qu’on lui ait appris avant tout « à tuer ». Sa conviction est qu’au lieu de cantonner les plantes dans un lieu précis afin d’organiser une création, le jardinier peut et doit faire plus confiance à la nature et accepter de lui laisser le « champ libre » ; les plantes trouvent naturellement les lieux qui leur conviennent le mieux.

Il s’est fait connaître notamment par la réalisation du parc André-Citroën à Paris en collaboration avec Allain Provost, paysagiste, Patrick Berger et Jean-Paul Viguier architectes, inauguré en 1992, ainsi que par l’exposition sur « Le Jardin planétaire », dont il a été commissaire en 1999 à la Grande halle de la Villette. Il a publié de nombreux ouvrages.

Gilles Clément a développé plusieurs concepts dont il nous parle dans cet épisode, notamment le « jardin en mouvement » c’est-à-dire « faire le plus possible avec, le moins possible contre » et le « jardin planétaire » : envisager la planète comme un brassage, un jardin sans mur, mais néanmoins fini. Les espèces et les gènes doivent circuler.

La perte de connaissance sur le monde vivant l’inquiète particulièrement et il continue ainsi à s’investir inlassablement auprès des jeunes notamment, pour transmettre son message et son goût de la nature et du respect des espèces (photo de Gilles Clément par Eric Legret). 

Verbatim

Il fallait que j’aie un terrain à moi pour mes expériences ; c’est devenu ma maison de Crozant dans la Creuze.
J’avais un désir très important de chercher à avancer dans ce métier de jardiner et d’agir.

Les études horticoles : on tuait tout sauf ce que l’on voulait garder, la production.

La pression de l’agro-industrie est telle que la culture en bio, la gestion écologique sont combattues…

La mise en œuvre d’un mode de vie qui ne consommerait pas de la même façon fait peur à l’agro-industrie.

Je n’oppose pas agriculture et écologie.

Le système fonctionne avec un asservissement terrible des agriculteurs qui sont les robots de l’agro-industrie.
Les paysans sont endettés mais s’ils obéissent, ils ont des primes ; ce qui leur permet prétendument de rembourser leurs emprunts. Ils n’ont pas liberté de penser. Ils ne font pas ce qu’ils pensent qu’il faut faire, comme leurs parents faisaient sur leur terre.

L’abandon de l’enseignement du monde du vivant m’inquiète énormément : c’est pourquoi je continue à intervenir dans les écoles.

Les paysagistes ont copié leur contrat sur celui des architectes. Les plantes, cela ne vaut rien, ce n’est pas cher. Pour s’en sortir il faut faire du béton, des jeux pour enfants : cela rapporte à peu près. La mission est complètement différente.

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Jardiner

Le pays où j’aimerais vivre

La Gomera

Un /des Créateurs (au sens large)

L’eau

Une couleur

Orange

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Philippe Descola, George Sand

Ce que je déteste le plus

Les sons aigus, les cris.

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

la chaleur du regard

L’état présent de mon esprit

En équilibre entre l’espoir et le désespoir

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

Désobéir

Ma devise

« Toujours la vie invente »

Le monde de demain en quelques mots ?

Un changement de mode de vie, le recul de l’accroissement démographique, la suppression des consommations

Dédicace

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