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LE TRAIT- Episode 52 –

Jean-Christophe Camuset, vigie du design 

Journaliste à Elle déco depuis 2021, Jean-Christophe Camuset a affiné son regard depuis ses débuts à IDEAT. Spécialiste du design et de la décoration, ainsi que des technologies, il cultive une passion communicative pour ces deux domaines qu’il explore avec un enthousiasme contagieux.

Le Trait lui a demandé comment il repère les designers et ce qui le touche le plus dans leur travail. Selon lui, le design repose sur deux éléments essentiels : l’intention et la contrainte. Pour lui, le designer est avant tout un artiste, mais un artiste soumis aux contraintes de la production et de la fonctionnalité. Le design est toujours une rencontre entre l’esthétique et le fonctionnel.

Jean-Christophe Camuset cherche avant tout à mettre en lumière l’innovation, ce qui n’a pas encore été vu, ce qui fait avancer le monde du design.

S’il est passionné par la technologie, il estime que celle-ci doit servir la poésie, plutôt que d’être un simple effet de mode.

À la rédaction de Elle déco, trois journalistes, chacun avec sa propre vision de l’image et de l’objet, se concertent pour repérer les nouvelles tendances et dénicher l’exclusivité. Ce travail l’amène à voyager fréquemment et à rencontrer de nombreux designers.

Jean-Christophe reconnaît être moins attiré par le design scandinave, préférant le côté « débridé » et joyeux du design méditerranéen, en particulier italien.

Il évoque également, dans cet épisode, les transformations en cours dans le monde du design, où les jeunes créateurs, moins soutenus par les grandes maisons qu’auparavant, semblent plus libres et créatifs. ils fabriquent eux-mêmes, ce qui leur permet de garder une approche plus authentique et novatrice.

Il souligne aussi la différence fondamentale entre le monde du design et celui du luxe. Bien que le design soit souvent associé au luxe, il réalise des marges bien plus faibles, et les éditeurs du secteur n’ont pas la même surface financière que les acteurs du luxe.

VERBATIM

« Je ne crois pas qu’il y ait de frontières entre art et design. Il n’y a que des zones grises. Les frontières se brouillent de plus en plus.

– Je préfère aller chercher ceux qui font les choses différemment et qui font avancer le design et la décoration.

– J’essaye de repérer ce qui est nouveau, ce qui ne relève ni de la redite ni du passéisme.

– La technologie doit être au service de la poésie. Je n’aime pas la technologie pour la technologie.

– Le monde du design évolue profondément avec moins d’acteurs traditionnels. Il y a une grande effervescence parmi les jeunes designers à Paris, Berlin, Londres. Mais les éditeurs, par frilosité, se tournent de plus en plus vers les grands noms déjà établis, ce qui laisse moins de place aux jeunes talents. Les jeunes designers ne peuvent plus compter sur les grands fabricants pour vivre de leur art. Ils sont très imaginatifs.

– La formation en design est de qualité en France, mais après leurs études, les jeunes designers ne travaillent pas forcément dans leur domaine. Il y a peu de fabricants en France.

La crise du retail est profonde. Les designers doivent aujourd’hui travailler à 360 degrés, là où ils peuvent apporter quelque chose, notamment dans des domaines comme la scénographie, le design graphique, le design produit.

– Le rôle du designer, c’est de se fondre dans l’ADN du fabricant. Cela fait partie des contraintes. Mais souvent, les fabricants se replient sur ce qu’ils savent faire, plutôt que de prendre des risques.

– Le design, bien qu’étroitement lié au luxe, génère des marges infiniment plus faibles. Par conséquent, la surface financière des éditeurs est plus réduite. Les coûts de fabrication, de manutention et d’expédition sont considérables.

– L’intelligence artificielle : les designers doivent s’emparer des technologies pour renouveler leur vocabulaire et continuer à produire des objets pertinents. »

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Faire de la musique avec d’autres personnes, découvrir de nouvelles formes de beau.

Le pays où j’aimerais vivre

 L’Italie tout en étant conscient des difficultés de la vie quotidienne et de l’état profond du pays, tel que décrit par Francesca Melandri par exemple. J’ai récemment redécouvert Berlin et l’équilibre entre rigueur et folie créatrice est séduisant.

Un /des Créateurs (au sens large)

Un contemporain (Paul Mouginot) et un classique (Enzo Mari)

Une couleur :

Le vert, mais c’est passager…

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

L’écrivain américain Tom Robbins / Le musicien Johnny Greenwood /L’entrepreneur Adriano Olivetti

 

Ce que je déteste le plus

Le passéisme, la nostalgie…

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La fraîcheur d’esprit.

L’état présent de mon esprit

Positif et curieux, toujours.

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

Toutes, si elles sont reconnues.

Dîner idéal :

Menu ou convives ? 🙂

Ma devise

Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme (Lavoisier)

Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes,

ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements (Darwin)

Le monde de demain en quelques mots ?

Plus incertain que jamais.

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