LE TRAIT – Episode 18 – Accroche toi au pinceau !
Le philosophe Benjamin Olivennes publie, chez Grasset, un ouvrage décapant intitulé « L’autre art contemporain, vrais artistes, fausses valeurs ».
B. Olivennes interroge le rôle des institutions culturelles françaises dans la promotion d’artistes contemporains, tels Jeff Koons, Maurizio Cattelan, Damien Hirst, Anish Kapoor, Daniel Buren…
Il livre aussi sa vision du beau qu’il oppose aux oeuvres valorisées aujourd’hui sur le marché de l’art.
Une réflexion polémique, parfois brutale, sûrement injuste aussi, mais nécessaire pour susciter un « franc » débat, nous dit B. Olivennes.
Extraits de l’ouvrage
« C’est en France, dans mon pays, que je voulais lutter contre l’emprise de la laideur, c’est à mon pays que je voulais donner confiance dans sa création artistique…
Ce n’est pas une beauté de pur esthète que je défends, mais une beauté qui est à la fois un plaisir des sens et un plaisir de la pensée, de la connaissance de la vérité : une beauté transitive, dans laquelle l’oeuvre ramène au monde…
Pourquoi un Jeff Koons a-t-il soudainement surgi dans le champs de l’art, au point de devenir l’artiste le plus cher de notre début de siècle, et pourquoi m’autorisé-je à en penser du mal ? Dans le New-York des années 1980, Koons a représenté une rupture avec l’austérité du minimalisme et du conceptuel. Il passait non seulement pour le retour de la figuration, mais aussi pour l’irruption rafraîchissante du fun et du sexuel dans le monde compassé de l’art new-yorkais de l’époque. Qu’il ait représenté une nouveauté et un bol d’air frais à un moment donné dans un monde déjà bien mal en point ne signifie pas qu’il ait une valeurs artistique quelconque…Rien de plus triste que la visite d’un musée d’art contemporain ou des salles contemporaines d’un musée d’art : l’impression d’un immense foutage de gueule, d’une absence complète de sens, de la disparition de la beauté, du travail, de l’oeuvre… ».
Questionnaire de Proust
Occupation idéale
Être à la campagne. Lire au coin du feu, ou au lit, ou sous un arbre. Écouter de la musique. S’il y a un chat, c’est encore mieux. Bonnard a peint certains tableaux qui représentent un peu cette vie édénique.
Le pays où j’aimerais vivre
A part à New York où je vis actuellement, en France. Cf réponse supra.
Un /des Créateurs (au sens large)
Vaste question. Si je la restreins à ceux en activité aujourd’hui … Wes Anderson. Jean-Baptiste Sécheret. Bob Dylan. Woody Allen. Et beaucoup d’autres.
Une couleur
Le bleu. Je suis quelqu’un d’un peu éthéré.
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle
Mes héros dans la vie réelle sont les écrivains.
Ce que je déteste le plus
Le changement, les départs, les ruptures, le passage du temps, vieillir.
Ce que j’apprécie le plus chez les autres
Qu’ils me tolèrent. (Et par exemple qu’ils tolèrent le fait que je ramène tout à moi)
L’état présent de mon esprit
Très flatté par toutes ces questions.
La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
Hélas, les miennes.
Ma devise
« Les pessimistes ont fini à Beverly Hills et les optimistes à Auschwitz. » Billy Wilder
Le monde de demain en quelques mots ?
Si j’essaie d’y penser, je ne vois que des choses qui ne me correspondent pas beaucoup. Du coup je préfère essayer d’y apporter des choses que j’aime du passé : la beauté, l’art, les livres, les paysages, la politesse …
Dédicace
Le Trait, c’est la limite, c’est à dire la forme.
Benjamin Olivennes
Auteur de l’ouvrage « L’autre art contemporain. Vrais artistes et fausses valeurs »