Sélectionner une page

LE TRAIT – Episode 19 – Ekhi Busquet

Ekhi Busquet

Regard bleu azur et caractère bien trempé, la jeune designer Ekhi Busquet, diplômée de l’école Boulle et de l’école polytechnique de Milan, est une personnalité inspirante ; quand bien même le mot serait-il galvaudé…

La trentaine avancée, elle peut déjà se prévaloir d’un parcours plus qu’honorable dans le design, marqué par des choix très personnels et une volonté de mener une réflexion sur un design « durable ». Ekhi est à la tête de son propre studio de design « global ». Elle imagine des objets et des scénographies où se mêlent art, architecture et enjeux sociétaux.

Dans cet épisode du Trait, elle nous explique avoir été marquée par la crise des subprimes aux États-Unis alors qu’elle était encore étudiante. Elle s’est très vite posée des questions autour de l’obsolescence des objets et de la société de consommation, ce qui l’a menée à une démarche de créateur « responsable ».

Si elle a travaillé avec de grandes marques comme L’Oréal et Dior, elle a aussi collaboré avec Emmaüs Défi pour une collection intitulée « Les Estampillées ». Ekhi Busquet travaille avec des ateliers d’insertion professionnelle en se donnant pour priorité d’abolir tous les gestes répétitifs et d’établir des délais de production intégrant le temps de l’homme. La responsabilité de la production est également entièrement confiée à l’atelier pour éviter des tâches morcelées.

Cet engagement pose néanmoins la question du modèle économique ; problématique « majeure » qu’elle ne veut pas éluder. Ekhi regrette, en effet, l’opacité qui existe dans le milieu du design sur ce thème. Elle décrit son modèle de développement qu’elle appelle « on/off », un modèle hybride, qui mixe investissement social et collaborations plus grand public. Elle revendique aussi la « cherté » d’un objet au regard du respect qu’elle accorde à l’homme, la matière, l’artisanat et l’origine de la production. Sa collection « L’heure bleue » est emblématique de son travail. https://www.ekhibusquet.com/

Questionnaire de Proust

Occupation idéale

La solitude, lorsqu’elle est désirée. Le plaisir de passer du temps avec soi et de se trouver de bonne compagnie. Bien souvent des moments de création fertile par le vide. Ma collection « l’heure Bleue » est une évocation de ces heures passées à regarder, lorsque le jour se fond avec nuit.

 

Le pays où j’aimerais vivre

L’Italie. J’y ai vécu ce qui reste une de mes plus douces années. C’est un pays de convergences culturelles. Pour toujours, je suis sous sortilège méditerranéen.

 

Un /des Créateurs (au sens large)

Enzo Mari. Il m’a fasciné étudiante et me fascine encore. J’aime ses réflexions avant-gardistes sur le process de production à l’antipode du traditionnel « forme-fonction ». Pluridisciplinaire et polymorphe, il a été d’une contribution certaine au monde qui advient en ce moment, théorisant des idées qui sont des fondamentaux puissants sur lesquels s’appuyer. Ma collection « Les Estampillés », lui doit beaucoup.

Une couleur

Le bleu Majorelle découvert sous forme de pigments chez le peintre Tristan Rà, qui m’a accueilli enfant avec tendresse. C’est collé dans ma rétine depuis. Je suis obsédée et comme Tristan, je ne me soigne pas.

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Bernard Tapie ! Au point que son portrait trône même dans mon salon. Costard trop large, platane français typique des années 90 : son téléphone portable est gigantesque et son antenne télescopique indescriptible. Agile et inclassable : sans tout partager, j’aime sa trajectoire.

Ce que je déteste le plus

L’idée que plus personne ne connaitra ma mère.

 

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

Qu’ils aient des convictions mais pas de certitudes. L’ennui me guette déjà bien assez vite par nature, je me tiens à bonne distance des réducteurs d’imaginaires.

L’état présent de mon esprit

« Impatient », comme à peu près tous les autres jours de l’année.

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

Celle de ceux qui ont essayé. J’ai peu d’estime pour ceux qui ne tremblent jamais.

Ma devise

« La beauté sera convulsive ou ne sera pas. » On la doit au surréaliste André Breton, depuis ça résonne dans ma boîte crânienne et la vie ne cesse de lui donner raison.

Le monde de demain en quelques mots ?

Ma réponse est celle d’un point de vu avant tout occidental, je n’ai pas la prétention d’avoir une perception universelle. J’aime déjà la génération qui vient et celle qui part, nous lègue de solides outils. On ne se rend pas toujours assez compte à mon sens, que l’on va avoir besoin de tout le monde. Vraiment de tout le monde. L’enjeu est là d’après moi : si un ex-leader de la pétrochimie veut maintenant devenir une référence dans les énergies vertes mais laissons-le faire ! Lorsque les systèmes dominants entrent dans la danse, c’est que les plus grands basculements de conscience collective sont sur le point d’éclore ! Promis, on fera les comptes plus tard mais d’abord il faut livrer bataille ensemble pour répondre à des enjeux prioritaires.

Dédicace

Dédicace

Interviews Récentes

LE TRAIT Episode 49- Une biennale pour le design à Messine

LE TRAIT Episode 49- Une biennale pour le design à Messine

LE TRAIT- Episode 49 - Une biennale pour le design à Messine  Le Trait a rencontré l’architecte et urbaniste, Alfonso Femia, dans le 10e arrondissement de Paris au sein des « Ateliers Femia», implantés aussi à Milan et Gênes. Né en Calabre, diplômé en architecture de...

lire plus
LE TRAIT Episode 48-Charlotte Tarbouriech, l’intrépide.

LE TRAIT Episode 48-Charlotte Tarbouriech, l’intrépide.

LE TRAIT Episode 48- Charlotte Tarbouriech, l’intrépide Le Trait a rencontré Charlotte Tarbouriech dans son atelier du 11e arrondissement de Paris, parmi ses créations et ses outils. C’est une jeune femme de trente ans, blonde et gracile, qui nous reçoit. On comprend...

lire plus
LE TRAIT Episode 47-Tristan Lohner

LE TRAIT Episode 47-Tristan Lohner

LE TRAIT Episode 47- Tristan Lohner Séduction massive     Tristan Lohner est l'un des grands noms du design (la lampe Balad de Fermob, c'est lui). Il est également DG du groupe de distribution de meuble RBC. Ce qui frappe en le rencontrant est l'impression...

lire plus