LE TRAIT- Episode 56- A l’hôtel avec Natacha Froger

Le Trait poursuit sa réflexion sur le design et l’« hospitalité » avec Nathalie Froger, architecte d’intérieur chez ATOME associés. Elle nous partage sa vision dans cet épisode.Issue d’une école d’arts appliqués, Natacha Froger a toujours souhaité évoluer dans ce secteur.
L’emblématique collaboration entre la designer André Putman et Ian Schrager, co-fondateur du célèbre Studio 54, qui a donné naissance au légendaire hôtel Morgans à New York en 1984, a profondément inspiré son choix de carrière. Cet hôtel a marqué une rupture majeure dans le monde de l’hôtellerie, en réinventant les codes de l’accueil.
Natacha Froger explique également l’équation économique singulière qui régit le secteur hôtelier et la résilience dont cette industrie a su faire preuve depuis la crise COVID-19. Elle souligne aussi la nécessité d’offrir une expérience unique, portée par la création d’un lieu doté d’âme et de sens, notamment grâce à la collaboration avec un architecte d’intérieur.
Selon elle, les hôteliers ont compris qu’ils doivent aller plus loin. « Et nous, concepteurs, avons un rôle clé à jouer dans cette transformation. »
VERBATIM
« Je suis profondément attachée à cette notion de « ville dans la ville ». Un hôtel est un lieu qui rassemble toutes les fonctions essentielles : l’accueil, la restauration, le bien-être, le travail. C’est un écosystème à part entière.
L’hôtellerie se décline selon des positionnements économiques très variés, du plus accessible au grand luxe. Notre défi est de concevoir un produit qui réponde précisément aux attentes d’un segment défini, tout en conservant une ambition d’excellence.
-Ce que j’ai toujours recherché dans mes équipes, ce sont des profils pluriels, des talents venus d’horizons différents, capables d’enrichir le projet par la diversité de leurs regards.
-Le programme est la colonne vertébrale du projet. Il intègre toutes les données économiques et de gestion nécessaires à l’exploitation de l’hôtel. C’est sur cette base solide que l’on conçoit un produit cohérent, désirable, et surtout pérenne. Il ne s’agit pas seulement de créer un bel objet, mais de proposer un outil de travail performant pour l’exploitant. »
Questionnaire de Proust :
Occupation idéale
La course automobile.
Ma passion pour la vitesse trouve ses racines dans un rêve d’enfant : celui de devenir pilote de chasse. L’aéronautique et la course automobile sont des domaines où chaque détail compte, où l’esthétique et la performance sont inextricablement liées.
J’aspire à capturer cette énergie dans mes projets, cette tension entre la maîtrise technique et la liberté créative, pour créer des espaces qui sont à la fois beaux, fonctionnels, et profondément inspirants.
Le pays où j’aimerais vivre
Pas un, des pays.
Citoyenne du monde et passionnée par sa richesse culturelle, j’aurais aimé pouvoir partager mon temps entre plusieurs pays en y établissant résidences, l’Argentine, le Brésil, la Chine, le Japon … toute la magie des rencontres et des histoires où mes voyages et mes projets m’ont menée pendant toutes ces années.
Un /des Créateurs (au sens large)
Andrée Putman … , la rencontre inspirante de mon enfance.
Andrée Putman inaugurait le MORGANS à New York. Je découvrais grâce à elle tout à la fois l’univers de l’hôtellerie, avec une nouvelle génération d’hôtels, la naissance du concept « hôtel boutique » et le métier d’Architecte d’intérieur.
Hilton MC Connico … L’ami solaire
J’ai une profonde admiration pour Hilton, tout autant pour l’artiste que pour l’Homme, un créateur riche et pluriel à l’incroyable générosité.
Sa poésie, sa délicatesse et son humour tissaient ses créations comme son quotidien. Sa maxime « je veux mourir d’une overdose de vie », m’accompagne au quotidien.
P. Zumthor … l’Artisan
Ma rencontre avec son travail fut celle des thermes de VALS. Une ambivalence émotionnelle, un vertige, générés par la radicalité et l’épure architecturale associées à la maitrise de la lumière et la sensualité des volumes.
H. Matisse … Le Maître
Ma première émotion picturale. Son geste essentiel raisonne avec mon goût de l’épure. Cette simplicité évidente dans la traduction du vivant démontre son incroyable dextérité. Sa maîtrise de la couleur me ramène à ma culture et mes racines méditerranéennes. Son incontournable JAZZ, un chef-d’œuvre, me connecte à ma culture musicale et à cette liberté aérienne.
Une couleur :
*International Klein Blue* (IKB)
Yves Klein a poussé l’exploration de la couleur, intense et uniforme, offrant une échappatoire à la matérialité. Cette qualité d’infini et d’expansion est précieuse dans mon travail.
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle
Les héros-héroïnes de l’ombre, ceux et celles qui font de notre quotidien et de cette planète un monde meilleur …
Une héroïne aussi, Audrey Hepburn. Sa capacité à incarner la joie de vivre, sa force, son élégance et son espoir face aux défis de la vie sont une source constante d’inspiration.
Hepburn disait : « Je crois que demain est un autre jour et je crois aux miracles. » Cette déclaration illustre sa foi inébranlable dans le renouveau nous encourageant à rester ouverts à tous les possibles.
Ce que je déteste le plus
Le mensonge et la couardise, tant dans ma vie personnelle que professionnelle car ils compromettent la confiance, détériorent les relations et engendrent le conflit.
Ce que j’apprécie le plus chez les autres
La bienveillance et la générosité qui impliquent une ouverture d’esprit et une volonté de soutenir les autres en favorisant une écoute active.
L’état présent de mon esprit
La joie de vivre comme un éclat de rire, essentielle, car elle me rappelle à la légèreté et l’humour, un espace ludique de spontanéité, et de partage.
Cet éclat de rire permet de relativiser les défis et les obstacles, en restant toujours positif.
La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
Celle que l’on reconnait …
En admettant ses erreurs, nous faisons preuve d’humilité et d’intégrité, ce qui suscite naturellement la compréhension et le pardon. Reconnaître ses fautes témoigne de notre volonté de s’améliorer.
Ma devise
« La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit. » Oscar Wilde
Le monde de demain en quelques mots ?
Idéaliste, je veux croire que le monde de demain sera enfin celui de l’intérêt commun où les conflits auront cédé la place au dialogue et où enfin l’homme prendra pleinement conscience du merveilleux de la planète qu’il habite.
Je rêve d’un avenir harmonieux et équitable où la créativité deviendra essentielle pour résoudre les défis complexes et laisser la place à des solutions innovantes tout en s’inspirant et en respectant les cultures et les traditions anciennes.
Un futur où le rêve et le développement durable se rencontreront pour créer des environnements enrichissants et respectueux, façonnant notre manière de vivre, de travailler et de coexister de façon positive.
