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Le TRAIT- Episode 51 – Marine Peyre

Le TRAIT- Episode 51 – Marine Peyre

LE TRAIT- Episode 51 – Marine Peyre. La fabrique d’un designer

Depuis son stage chez Inflate Design à Londres dans les années 90, où sa passion pour le design s’est solidement enracinée après des études d’architecture et aux Beaux-Arts de Marseille, Marine Peyre n’a cessé d’expérimenter et de se réinventer. Dans cet épisode du Trait, elle nous partage ses débuts et son parcours, animée par un enthousiasme indéfectible et une volonté de toujours aller de l’avant. Ces valeurs, dit-elle, ne l’ont jamais quittée.

 

Parmi ses premières réalisations, elle a lancé la marque « Cooked in Marseille », aujourd’hui disparue, qui a marqué les premières étapes de son aventure créative. Sa démarche était ancrée dans le désir d’explorer ce qu’elle appelle un « design contextuel ». Concrètement, elle se demandait : est-ce que l’esthétique d’une ville, d’une région ou d’un pays, ses formes, couleurs et matières peuvent être retranscrites à travers un objet ou un mobilier ? L’idée se traduisait par une gamme ludique dans l’esprit du Tupperware, avec des créations en silicone. Marine Peyre a toujours eu à cœur de détourner les usages traditionnels des produits. 

 

Cependant, cette aventure s’est arrêtée lorsqu’elle a refusé de produire des objets « made in China », alors que les produits en silicone chinois envahissaient le marché européen.

 

Cherchant à dépasser l’objet, Marine Peyre a souhaité se tourner vers l’espace. Sa formation aux Beaux-Arts lui a offert une grande liberté créative et cultivé son goût du concept, un élément essentiel dans ses créations actuelles.

 

Elle considère que l’humilité est la qualité principale d’un bon designer. « Il ne s’agit pas seulement de faire un beau dessin, mais de se demander si le projet est réalisable, quel matériau il faut inventer, et comment travailler avec les équipes pour le rendre concret. Le coût de fabrication et le prix de vente doivent être cohérents », explique-t-elle.

 

Marine Peyre nous dévoile également la réalité du métier de designer indépendant, sans éluder les difficultés que cette profession engendre, notamment le fait qu’elle n’est pas aussi bien référencée que celle d’architecte par exemple.

VERBATIM

« Je voulais me lancer dans un métier créatif sans savoir lequel. L’architecture m’est apparue comme un tout : assimilation de références, techniques, dessins, constructions. J’y ai tout appris. Cela m’a ouvert les yeux sur le design.

-En 3e année d’architecture, je me suis retrouvée face à des contraintes techniques : la construction d’un bâtiment, ce qui était assez rébarbatif. Je voulais quelque chose de plus palpable, que je pouvais maîtriser : l’échelle de l’objet, à taille humaine. Je fais aujourd’hui beaucoup de mobilier. Je voulais inventer un vocabulaire de formes qui amène à l’usage.

-Ma base d’inspiration est ce que j’appelle « le non-design » : j’aime détourner les objets.

-Cooked in Marseille, c’était l’esprit de la plage du Tupperware. On a travaillé toute une gamme de produits en silicone, colorés, transcendés à une échelle plus universelle.

-Quand on fait les Beaux-Arts, on est complètement libres, peut-être trop. Mais cela donne une grande liberté et une grande ouverture d’esprit.

-Le regard artistique du designer : c’est le plus important. Le dessin apporte un nouvel usage, une nouvelle manière de voir les choses. On n’invente rien, mais on réinvente. Tout est design, tout est dessiné. C’est un œil avec ses codes, ses couleurs, ses vocabulaires de formes.

-J’étais plus jeune dans la volonté de faire un design démocratique, mais c’est moins facile quand on produit en France. Un produit qui parle à tout le monde, à la fois à quelqu’un d’érudit et à quelqu’un qui n’y connaît rien ; c’est un vrai plaisir.

-J’ai dessiné un sex-toy édité par Love to Love et vendu par Rykiel. On est venu me chercher pour mon travail sur le silicone phosphorescent. Cela m’a beaucoup amusé. Je voulais un objet qui puisse se montrer, qui n’est pas forcément caché, avec une fonction : stimuler le corps de la femme. J’ai eu un stand sur Maison et Objets en « Art de vivre ».

-J’ai toujours eu mon nom sur les objets que j’ai dessinés, car je n’ai pas travaillé dans une agence pour quelqu’un.

-Le design : c’est un métier qui n’est pas référencé ; ce n’est pas comme un architecte : le prix dépend de la notoriété du designer. La question des royalties n’a pas de base. La question de la négociation est clé. Je pense qu’il faudrait clarifier le statut des designers. Beaucoup de designers travaillent avec des avances sur royalties.

 

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

NAGER

Le pays où j’aimerais vivre

Il n’existe pas … hélas

Un /des Créateurs (au sens large)

Joe Colombo, Louise Bourgeois, Charlotte Perriand, David Bowie

Et beaucoup d’autres

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Wonder woman –  Mick Jagger

Ce que je déteste le plus

L’INTOLÉRANCE, le mensonge … les convictions

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

L’humour, l ’humilité

L’état présent de mon esprit

JOYEUX

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

La vengeance

 

 

Ma devise

Ce qui est fait n’est plus à faire

Le monde de demain en quelques mots ?

Bi polaire, ultra numérique et aseptisé d’un coté et sauvage et débridé de l’autre côté

Le TRAIT- Episode 50 – Les Fauves de l’enchère avec Dimitri Joannidès

Le TRAIT- Episode 50 – Les Fauves de l’enchère avec Dimitri Joannidès

LE TRAIT- Episode 50 – Les Fauves de l’enchère avec Dimitri Joannidès

 

Dimitri Joannidès est le co-fondateur de la maison de vente FauveParis, créée il y a 10 ans et qui s’est déjà taillée une belle réputation. Tous les fondateurs avaient alors la trentaine et travaillaient dans des maisons de vente prestigieuses. Mais ils nourissent l’idée d’élargir l’accès aux enchères et de casser les codes par rapport aux maisons de vente traditionnelles. Une audace certaine donc face à de grands noms comme Christie’s ou Drouot.

Fauve doit d’ailleurs son nom aux artistes « Fauve » : Derain, Matisse, Braque… qui se sont illustrés par leur volonté de renouvellement…Le journal Les Echos a classé Fauve parmi les 500 entreprises françaises les plus dynamiques cette année.

L’entreprise est en pleine croissance dans un contexte relativement morose. La flexibilité de la maison lui a permis de tirer son épingle du jeu durant le Covid notamment car les ventes ont continué.

Dimitri Joannidès reçoit Le Trait, au siège de Fauve, situé rue Saint-Sabin dans le 11e arrondissement de Paris: un espace de 750m2 inspirant, joyeux et bohème, rempli d’œuvres d’art. Un lieu d’expertise, de stockage de vente et de retrait. Spécialisée dans les œuvres d’art, les arts décoratifs et l’art de vivre, FauveParis organise une vente aux enchères publique chaque samedi matin, précédée d’une semaine d’exposition des biens mis en vente.

S’installer à l’Est de Paris et non pas dans le triangle d’or (Paris 8 e) était en soi déjà disruptif et signalait « la volonté de libérer les enchères ». Fauve dispose désormais également d’un lieu place des Vosges : « cela institutionnalise un peu plus la maison dix ans après notre création, c’est important aussi. (…). On sent une curiosité de la part des autres maisons. Notre image de marque est en fait relativement décorrélée de notre taille réelle. Parfois, nos clients étrangers pensent qu’on est plus gros qu’on est », explique Dimitri Joannidès dans cet épisode.

Fauve a réalisé la première vente NFT (Non-fungible token) en France.

Dans l’équipe, Dimitri Joannidès est spécialisé sur le 20e siècle en peinture, estampes. Il se décrit comme un bon généraliste avec quelques lacunes sur l’Asie et l’Afrique. La maison fait appel à des experts extérieurs en cas de doute. Dimitri Joannid§s estime qu’il est aujourd’hui très important d’avoir une spécialité de niche.

Dans cet épisode du Trait, Dimitri Joannidès partage avec enthousiasme et sincérité sa passion pour son métier.

VERBATIM

-On veut faire bouger les lignes. On ressent un peu la querelle des anciens contre les modernes notamment lorsque nous avons réalisé la première vente NFT en France.

-On est tous contents de venir le matin. On n’est pas soumis à un plan d’actionnaires qui exigerait une rentabilité de 15%. Par chance, elle est d’ailleurs supérieure…On s’est dit : est-ce que nous voulons à tout prix faire de la croissance ? Une maison Fauve Bruxelles, Londres, Athènes, cela s’est présenté, mais cela ne s’est pas fait. Notre travail est très intuitu personae.

-On voulait dans les 10 ans, être dans les 10 premières maisons, on ne l’est pas en chiffre d’affaires. Mais ce qu’on aime avant tout, c’est raconter de belles histoires et la quête d’une œuvre.

– On intervient à des moments de vie particulier : les « 4D » dettes, divorces, décès, déménagements… Nos clients sont des personnes de tous âges : des personnes qui ont trouvé des choses incroyables dans des brocantes, qui ont hérité, des personnes âgées qui vendent des bijoux, et d’autres qui veulent faire évoluer leur collection…

-La clé pour nous, ce sont les vendeurs. Il faut trouver les objets. Il faut avoir l’objet. La chasse aux trésors ; c’est la guerre la plus rude avec nos confrères.

-Parmi les éléments qui peuvent faire la différence : nous sommes rapides sur les ventes même pour des belles ventes.

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

partir à la chasse au trésor

Le pays où j’aimerais vivre

l’Utopie car c’est, pour Oscar Wilde, « le pays où l’Humanité ne cesse de débarquer ».

Un /des Créateurs (au sens large)

Guy de Maupassant, pour sa parfaite compréhension de la matière humaine

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Cyrano de Bergerac (le personnage fantasmé de Rostand, pas l’écrivain du XVII, qu’on connaît d’ailleurs peu)

Ce que je déteste le plus

 le laisser-aller

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

 la générosité

L’état présent de mon esprit

concentré

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

la faute d’accord du participé passé avec l’auxiliaire avoir

 

 

Ma devise

« Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! »

Dîner idéal

en tête-à-tête avec la femme que j’aime au bord d’un lac italien, nos deux enfants jouant à nos côtés

Le monde de demain en quelques mots ?

Plus que jamais, s’adapter ou mourir !

LE TRAIT Episode 49- Une biennale pour le design à Messine

LE TRAIT Episode 49- Une biennale pour le design à Messine

LE TRAIT- Episode 49 – Une biennale pour le design à Messine 

Le Trait a rencontré l’architecte et urbaniste, Alfonso Femia, dans le 10e arrondissement de Paris au sein des « Ateliers Femia», implantés aussi à Milan et Gênes.

Né en Calabre, diplômé en architecture de l’université de Gênes, intellectuel engagé, Alfonso Femia nourrit une réflexion forte sur la ville, plus généralement le territoire et ses enjeux en termes d’harmonie, de fluidité, mais aussi de développement durable. Il a publié, en 2023, un ouvrage intitulé « Voyages », qui retrace les projets qu’il a porté avec son agence.

Il raconte, dans ce nouvel épisode du Trait, son obsession de livrer des bâtiments nourris par l’histoire des lieux, appelant au dialogue et à l’échange, qui l’obsèdent.

Il s’intéresse aussi particulièrement à l’espace Méditerranéen qu’il envisage comme un laboratoire. Il a ainsi lancé en 2022 la « Biennalle dello Stretto » (la Biennale du Détroit) ; une rencontre autour de l’art, de l’architecture et du design qui a lieu depuis Messine entre Sicile et Calabre.

Alfonso Femia veut décentrer le regard, nourrir l’échange entre différents corps de métier, favoriser la réflexion dans un monde où la perception l’emporte trop souvent sur la cognition, dit-il.

« Nous cherchions un territoire, pas une ville. Pour la première fois une biennale porte un nom de territoire. C’est très fort d’un point de vue politique et géographique. On a transformé un lieu de séparation en un lieu de débat. Nous voulons créer une conscience à travers la connaissance. Notre société sépare complètement la perception et la cognition des choses. Nous voulons réconcilier les deux. Il faut retourner au temps long, s’arrêter, réfléchir, revenir »…

Le Trait est très heureux d’être partenaire de l’édition 2024 qui aura lieu du 14 septembre au 18 décembre 2024.

Plus d’informations:

LA BIENNALE DELLO STRETTO 2024 / COMING SOON – Atelier(s) Alfonso Femia AF517Atelier(s) Alfonso Femia AF517 (atelierfemia.com)

Verbatim

« J’ai voulu réfléchir autour de la Méditerranée et de l’invisibilité. Invisibilité : c’est quelque chose qui existe mais que nous n’avons plus la capacité de regarder, ou alors ce n’est pas l’objet de notre regard.

-Nous ne pouvons pas perdre la richesse de la Méditerranée. La Méditerranée est un laboratoire exceptionnel, par exemple l’eau. L’eau est devenue sentinelle de tous les aspects. Il faut par exemple redonner de l’espace à l’eau. Dans le nord de l’Europe, on commence à détruire des digues.

-Biennale du Détroit : nous cherchions un territoire, pas une ville. Pour la première fois une biennale porte un nom de territoire. C’est très fort d’un point de vue politique et géographique. On a transformé un lieu de séparation en un lieu de débat. Nous voulons créer une conscience à travers la connaissance. Notre société sépare complètement la perception et la cognition des choses. Nous sommes une société de perception. Nous voulons réconcilier les deux.
Il faut retourner au temps long, s’arrêter, réfléchir, revenir. C’est la continuité aussi du projet de la Biennale. Lors de la première édition, 10000 personnes sont passées ici, dans ce détroit.

-On doit avoir le courage de réhabiliter et pas de détruire. Je suis pour la réhabilitation des friches industrielles par exemple.

-Je ne suis pas pour la décroissance mais pour retrouver l’équilibre. Ce qui permet le dialogue, la discussion en mettant le projet au centre.
Nous avons perdu l’idée de l’équilibre, on pense toujours qu’on peut avoir une croissance continue. C’est une folie. L’équilibre c’est aussi le projet, discuter. Il y a toujours un point d’équilibre dans un projet.

-Migrations, accueil dans la ville : le problème de l’accueil traduit une exigence que la politique ne voit pas, car il n’y a pas de volonté. La dimension de l’invisibilité de l’Europe vers l’Afrique est incroyable. Nous sommes un continent vieux, statique, en décroissance et nous avons juste en face un continent qui, dans les prochaines années, aura une croissance très dense avec des ressources.

-On parle de traiter la migration mais on doit partir d’une autre vision de l’Afrique. Il faut changer nos points de vue. Comment imaginer la situation dans le temps long ? Cela doit faire partie d’une vision européenne, méditerranéenne sans cela on ne peut pas avoir une vision du futur de l’Europe.

-Ce qui est important pour nous à l’agence (50% de projets publics, 50 % de projets privés); c’est la recherche. Il y a des règles à respecter (architecturales), mais il y a aussi des contrastes dans un lieu. Nous cherchons une écriture capable de dialoguer avec le contexte. Nous aimons des projets ancrés. Pour nous, un projet qui trouve un équilibre entre une réponse urbaine, architecturale, technique, esthétique, social est bon projet ».

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

la musique

Le pays où j’aimerais vivre

la Méditerranée

Un /des Créateurs (au sens large)

Caravaggio

Une couleur
bleu
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Jeanne d’Arc et ma mère

Ce que je déteste le plus

l’incapacité à écouter un minimum et à faire émerger un dialogue

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

les personnes avec des sentiments, la capacité de ressentir, la réflexion faite avec la tête et le cœur, les rêves et la réalité

L’état présent de mon esprit

méditerranéen

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

 toutes les erreurs sincères

 

 

Ma devise

Responsabilité et générosité

Dîner idéal

Au milieu d’un paysage, les pieds dans le sable, vers l’horizon

Le monde de demain en quelques mots ?

Responsabilité et générosité

LE TRAIT Episode 48-Charlotte Tarbouriech, l’intrépide.

LE TRAIT Episode 48-Charlotte Tarbouriech, l’intrépide.

LE TRAIT Episode 48- Charlotte Tarbouriech, l’intrépide

Le Trait a rencontré Charlotte Tarbouriech dans son atelier du 11e arrondissement de Paris, parmi ses créations et ses outils. C’est une jeune femme de trente ans, blonde et gracile, qui nous reçoit. On comprend très vite que derrière ce physique, se cachent une personnalité très affirmée, un goût certain de l’aventure et de l’intrépidité, une revendication de liberté et de sincérité.

Fille de « trader », scolarisée un temps (jusqu’à ce qu’on lui demande de partir), chez les jésuites à l’école Franklin (Paris 16e), elle entame un chemin de traverse (au regard des exigences familiales) et rejoint, après avoir effectué un an à l’école Penninghen, le studio Berçot qui a formé beaucoup de designers, mais a fermé depuis. Personnalité solaire, très peu adaptée, dit-elle à l’école, elle s’y épanouit totalement (tout en profitant aussi de la vie parisienne…). Elle commence une carrière de consultante en mode (notamment dans le secteur des souliers) et, en plein Covid, décide avec une amie de longue date, Pauline Leyravaud, de créer la marque POLCHA.

Le studio POLCHA explore tous les champs du design : création de mobilier, aménagement intérieur, scénographies, décors, installations…

Les créations se veulent à la croisée de l’art et du design avec des œuvres très audacieuses et personnelles, colorées et pop, avec un parti pris originel d’upcycling.

On a pu retrouver POLCHA à la Bibliothèque historique de la ville de Paris lors de la dernière Design week, à Art Basel (Miami). Certains objets de la marque sont entrés au Mobilier national.

Nous avons demandé à Charlotte Tarbouriech d’évoquer avec nous l’expérience de création d’une marque trois ans après son lancement et s’il est difficile de maintenir ses convictions de départ quand on est confronté à la réalité d’une entreprise.

Bonne écoute !

VERBATIM

« Je me définis comme un électron libre. Ce qui me caractérise, c’est ma liberté mais aussi mon angoisse. Je suis partie à Londres assez vite pour travailler avec Nicolas Kerkwood. Il y avait aussi d’autres noms qui me fascinaient : Peter Pilotto notamment.

-j’adore les usines cela a toujours été ma passion…J’en ai visité beaucoup !

-POLCHA : Avec Pauline, on s’est dit qu’on devait faire quelque chose dans l’upcycling. J’adore la couleur et les univers graphiques, Pauline, elle, c’est le trompe-l’œil, les fresques. On s’est associées.

-On travaille sur des meubles qu’on chine. Ce sont des pièces uniques. Le problème que cela nous a posé : il faut remettre chaque meuble en état puis les meubles sont signés et donc on peut se poser la question : à partir de quel moment en transformant un meuble, il peut nous être attribué …

-Nous réfléchissons maintenant au développement. Il nous faut trouver une solution plus viable. On est beaucoup dans l’auto-financement. Venant du milieu de la mode, je n’avais pas forcément les contacts dans le monde du design.

-On est très fort sur notre proposition visuelle mais cela peut aussi faire peur…D’un point de vue esthétique, nous ne sommes pas très français. Notre proposition est peut-être plus adaptée à l’Italie, aux États-Unis. Nous sommes également intéressées par les scènes mexicaine et brésilienne qui font une entrée forte dans le monde du design

-Polcha : c’est assez intuitif, c’est assez lâché : une démarche axée sur nos envies écologiques, mais il faut que ce soit fun, il y a une dynamique et une puissance dans la couleur qui donne envie de faire …

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Dessiner et me plonger dans une heure de yoga

Le pays où j’aimerais vivre

 L’Italie

Un /des Créateurs (au sens large)

Dali

Une couleur
Le bleu
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Les femmes

Ce que je déteste le plus

La contrainte

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La liberté

L’état présent de mon esprit

La liberté

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

L’impatience

 

 

Ma devise

« Carpe Vitam » (Saisis la vie)

Dîner idéal

Italien bien sûr

Le monde de demain en quelques mots ?

« Carpe Vitam » (Saisis la vie)

LE TRAIT Episode 47-Tristan Lohner

LE TRAIT Episode 47-Tristan Lohner

LE TRAIT Episode 47- Tristan Lohner Séduction massive

 

 

Tristan Lohner est l’un des grands noms du design (la lampe Balad de Fermob, c’est lui). Il est également DG du groupe de distribution de meuble RBC. Ce qui frappe en le rencontrant est l’impression d’une certaine humilité, un besoin de recherche permanent et un esprit en éveil. Il estime son parcours « chaotique ».  Issu d’une famille d’artistes (son père est le peintre et dessinateur Pierre Lohner), il commence des études de commerce, mais ne se plaît pas dans cette voie.

Sa vie bascule quand il rejoint l’armée (il n’a pas réussi à se faire réformer…). Il reste deux ans sur un bateau dans l’océan Indien où il se lie d’amitié avec un collègue ébéniste et se met à l’aider. C’est le déclic. Il rentre de l’armée et décide qu’il veut faire ce métier. Il prend des cours à l’école Boulle où il obtient un brevet en métier d’art en ébénisterie. Il suit aussi les enseignements de l’école d’ameublement « A la bonne graine ». Il y fait une rencontre décisive, « un maître », dit-il, l’ébéniste Bernard Daudé (auteur notamment de l’ouvrage : « Ebenisterie : les premiers gestes»).

Tristan Lohner découvre un métier, « le privilège de manier » : « partir de rien et faire quelque chose de très simple ». Il apprend comment faisaient les anciens… Il intègre plus tard les Arts décos – l’école était intéressée par le savoir de l’ébénisterie – et y fait une autre rencontre importante : celle du designer Jean-Marie Massaud qui l’encouragera à devenir designer.

Dans cet épisode, Tristan Lohner raconte son parcours, partage sa réflexion sur le design. Il est d’abord habité par l’envie de toucher, de séduire le plus grand nombre.

VERBATIM

« Le succès est redouté, espéré… Lorsqu’un objet qui, au départ, est d’abord un fantasme, un dessin, une projection, quelque chose de l’ordre de l’intuition devient réalité, existe, rencontre son public, dépasse les frontières et se vend à plusieurs millions d’exemplaires, c’est un peu magique, cela relève presque de l’intime. C’est le principe du design qui repose sur la reproductibilité…

– Pour la lampe Balad de Fermob : c’est émouvant de voir que l’on pense à un objet à des moments extrêmement intimes et que cela a du succès : une sorte d’écho qui se perpétue…

– Mon parcours est hétéroclite, pas du tout tracé. J’ai fait des études commerciales. J’étais très malheureux. Je suis parti à l’armée dans la marine. J’ai connu un ébéniste et je me suis mis à l’aider. Quand je suis rentré, j’ai voulu être ébéniste et je suis allé à l’école Boulle.

– Le rapport au dessin: je me suis raccroché au design car le dessin de design est un dessin particulier entre l’ingénierie, l’aspect formel et l’intention. Le design pour moi, c’est une réponse. Cela s’est imposé à moi. Il y a des designers qui sont de bons dessinateurs. Il y a cette école du dessin dans le design (dont Jean-Marie Massaud) mais avec un père dessinateur avec un tel talent, cela a peut-être été écrasant.

– J’aime à penser que le designer n’est pas réellement un artiste : nous sommes des gens au service des autres. Le design ; c’est le rapprochement de deux paradoxes. Le monde de l’argent se rapproche du sensible, le monde de l’entreprise prend dans ses bras le monde de la création. Le design est la réunification de deux mondes qui ont toujours été dos à dos.

– La question du beau se pose pour un designer, mais celle de la culture aussi…

– Je veux toucher le plus grand nombre. Je ne pourrais pas proposer un canapé à 15000 euros».

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Être avec ceux que j’aime

Le pays où j’aimerais vivre

Là où je vis actuellement, en France, sur la butte Montmartre, en 1950 

Un /des Créateurs (au sens large)

Sans aucune hésitation, Jean Sébastien Bach.

Je ne crois pas en dieu, mais je crois en Bach.

Il incarne ce que l’être humain a de plus magnifique : la transcendance et une beauté absolue, mêlées à une immense sensibilité.

Sa musique m’accompagne tous les jours.

Et puis Rembrandt aussi.

Son œuvre est à couper le souffle, la profondeur de son regard dans les autoportraits porte toutes les questions de notre humanité. 

 

Une couleur
Je n’ai pas de couleur préférée.
Ce que j’aime dans les couleurs, comme pour les êtres, c’est le principe même de leur infinité 
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Toutes celles et tous ceux qui se sont battus et qui se battent encore, sur tous les fronts de toutes les guerres, et qui donnent leur vie pour des idéaux de liberté.

Ces inconnus, ceux qui se battent pour les enfants, ce sont eux les vrais héros.

Ce que je déteste le plus

Les fondements même de la méchanceté : être dur avec les faibles, et faible avec les forts. 

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La vraie gentillesse et la vraie naïveté, deux qualités qui ne se cultivent pas mais qui sont innées.

Il est très difficile d’être un vrai naïf, c’est garder son regard d’enfant sur le monde et sur les êtres.

 

L’état présent de mon esprit

Un pessimisme plein d’espoir 

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

Celle que l’on fait par amour. 

 

 

Ma devise

 Ne pas subir 

Le monde de demain en quelques mots ?

 La terre nous a préexisté et sera là bien après nous.

La question est de savoir ce que nous allons faire de cette planète et de nos sociétés.

Je crois en la capacité de l’être humain à se réinventer, je crois en l’art et aux artistes, je crois en l’imagination des enfants.

L’humanité c’est Hitler, Poutine et Trump, mais c’est aussi Michel Ange, Miles Davis, Victor Hugo et Simone Veil.

Partout la vie est remplie de courage et de beauté, notre avenir se construit aujourd’hui, tout de suite. 

Dédicace

LE TRAIT Episode 46- Au nom du père

LE TRAIT Episode 46- Au nom du père

C’est une invitation au voyage à laquelle vous convie le Trait pour cet épisode. Patricia Marinho est la fille de Noël Marinho. Ce nom n’est pas forcément très connu en France et pourtant, Noël Marinho (1927-2018) est l’un des grands architectes brésiliens à avoir participé à l’apogée de l’architecture moderne brésilienne à partir du milieu des années 1950 avec Oscar Niemayer notamment.

Patricia Marinho nous raconte son père, ses années d’apprentissage, son parcours initiatique en Europe après avoir obtenu son diplôme en architecture de l’université du Brésil, en 1952.

Noël Marinho participe ensuite, à partir du milieu des années 1950, à la construction de Brasilia aux côtés de Oscar Niemayer et Lucio Costa. Il a poursuivi une carrière entre l’architecture, l’art et le design. Il a également travaillé avec les architectes Mauricio Dias et Salomão Tandeta.

Noël Marinho a légué à sa fille toute une collection de dessins. Elle-même architecte et designer, elle perpétue l’héritage de son père qu’elle avait rejoint dans son cabinet en 1985, au travers d’une marque dédiée, créée en 2005 (avec l’associé de toujours Manuèle Colas).

Patricia Marinho multiplie désormais les collaborations pour faire revivre les dessins de son père. Nous l’avons  rencontrée au sein du Showroom Toulemonde Bochart à Paris, dans le premier arrondissement, où elle présentait une collection Marinho…

Pour en savoir plus: About – Noel Marinho

VERBATIM

« Quand Noël avait 25 ans, il est parti en Europe étudier à Stockholm puis il a passé du temps entre la France et l’Italie : il a connu les grands noms de l’architecture moderne de cette époque notamment Ernersto Rogers qui a beaucoup compté pour lui … 

Cette époque des années 1950-60 a beaucoup imprégné son travail par la suite…

Il a été invité à rejoindre l’expérience de la construction de Brasilia qui a duré cinq ans. Il en était très fier. C’est un moment très important de l’architecture brésilienne. Puis, il est rentré à Rio fonder son cabinet… 

Mon père était très à gauche. Il dessinait les affiches des manifestations. Il a eu des problèmes au moment de la dictature et il est allé en prison… 

J’ai passé mon enfance à Rio. On allait beaucoup visiter ses chantiers avec ma sœur…Cela a sûrement laissé une trace, j’ai fait des études d’architecture comme mon père.

J’ai décidé de créer la marque Noël Marinho pour faire vivre l’œuvre de mon père et ses dessins.

Il était un architecte designer : il dessinait aussi des bijoux, des chaises, des carrelages…

On s’est lancées dans la fabrication de tapis, mais on voulait un fabricant à l’extérieur pour des raisons de logistique et de marché. La marque Toulemonde Bochart s’est imposée. Toulemonde Bochart travaille avec beaucoup de designers et nous correspond bien : Anne Sebaoun nous a très bien accueilli ! 

Le Brésil commence à émerger en matière design. Il y a beaucoup de possibilités aujourd’hui… ».

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

LIRE ET ALLER AU CINÉMA.

Le pays où j’aimerais vivre

J’AIMERAI ME PARTAGER ENTRE UNE MOITIÉ DE L’ANNÉE À RIO DE JANEIRO ET L’AUTRE MOITIÉ À PARIS.

Un /des Créateurs (au sens large)

SÉRGIO RODRIGUES, ACHILLE CASTIGLIONI

Une couleur
ORANGE
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

LA BANDE DÉSSINÉE LITTLE LULU ET, DANS LA VIE REELLE, CHARLOTTE PERRIAND

Ce que je déteste le plus

LES GENS MAL ÉLÉVÉS

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

LA GÉNÉROSITÉ

 

L’état présent de mon esprit

LA JOIE

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

LES GENS QUI SONT EN RETARD ( AVEC UNE BONNE RAISON!)

 

 

Ma devise

AVOIR TOUJOURS UN « PLAN B »

Le monde de demain en quelques mots ?

 MALGRÉ LES PROBLÈMES DU MONDE, L’HUMANITE GARDE ESPOIR, C’EST RECONFORTANT.

Dédicace