Le TRAIT- Episode 50 – Les Fauves de l’enchère avec Dimitri Joannidès
LE TRAIT- Episode 50 – Les Fauves de l’enchère avec Dimitri Joannidès
Dimitri Joannidès est le co-fondateur de la maison de vente FauveParis, créée il y a 10 ans et qui s’est déjà taillée une belle réputation. Tous les fondateurs avaient alors la trentaine et travaillaient dans des maisons de vente prestigieuses. Mais ils nourissent l’idée d’élargir l’accès aux enchères et de casser les codes par rapport aux maisons de vente traditionnelles. Une audace certaine donc face à de grands noms comme Christie’s ou Drouot.
Fauve doit d’ailleurs son nom aux artistes « Fauve » : Derain, Matisse, Braque… qui se sont illustrés par leur volonté de renouvellement…Le journal Les Echos a classé Fauve parmi les 500 entreprises françaises les plus dynamiques cette année.
L’entreprise est en pleine croissance dans un contexte relativement morose. La flexibilité de la maison lui a permis de tirer son épingle du jeu durant le Covid notamment car les ventes ont continué.
Dimitri Joannidès reçoit Le Trait, au siège de Fauve, situé rue Saint-Sabin dans le 11e arrondissement de Paris: un espace de 750m2 inspirant, joyeux et bohème, rempli d’œuvres d’art. Un lieu d’expertise, de stockage de vente et de retrait. Spécialisée dans les œuvres d’art, les arts décoratifs et l’art de vivre, FauveParis organise une vente aux enchères publique chaque samedi matin, précédée d’une semaine d’exposition des biens mis en vente.
S’installer à l’Est de Paris et non pas dans le triangle d’or (Paris 8 e) était en soi déjà disruptif et signalait « la volonté de libérer les enchères ». Fauve dispose désormais également d’un lieu place des Vosges : « cela institutionnalise un peu plus la maison dix ans après notre création, c’est important aussi. (…). On sent une curiosité de la part des autres maisons. Notre image de marque est en fait relativement décorrélée de notre taille réelle. Parfois, nos clients étrangers pensent qu’on est plus gros qu’on est », explique Dimitri Joannidès dans cet épisode.
Fauve a réalisé la première vente NFT (Non-fungible token) en France.
Dans l’équipe, Dimitri Joannidès est spécialisé sur le 20e siècle en peinture, estampes. Il se décrit comme un bon généraliste avec quelques lacunes sur l’Asie et l’Afrique. La maison fait appel à des experts extérieurs en cas de doute. Dimitri Joannid§s estime qu’il est aujourd’hui très important d’avoir une spécialité de niche.
Dans cet épisode du Trait, Dimitri Joannidès partage avec enthousiasme et sincérité sa passion pour son métier.
VERBATIM
-On veut faire bouger les lignes. On ressent un peu la querelle des anciens contre les modernes notamment lorsque nous avons réalisé la première vente NFT en France.
-On est tous contents de venir le matin. On n’est pas soumis à un plan d’actionnaires qui exigerait une rentabilité de 15%. Par chance, elle est d’ailleurs supérieure…On s’est dit : est-ce que nous voulons à tout prix faire de la croissance ? Une maison Fauve Bruxelles, Londres, Athènes, cela s’est présenté, mais cela ne s’est pas fait. Notre travail est très intuitu personae.
-On voulait dans les 10 ans, être dans les 10 premières maisons, on ne l’est pas en chiffre d’affaires. Mais ce qu’on aime avant tout, c’est raconter de belles histoires et la quête d’une œuvre.
– On intervient à des moments de vie particulier : les « 4D » dettes, divorces, décès, déménagements… Nos clients sont des personnes de tous âges : des personnes qui ont trouvé des choses incroyables dans des brocantes, qui ont hérité, des personnes âgées qui vendent des bijoux, et d’autres qui veulent faire évoluer leur collection…
-La clé pour nous, ce sont les vendeurs. Il faut trouver les objets. Il faut avoir l’objet. La chasse aux trésors ; c’est la guerre la plus rude avec nos confrères.
-Parmi les éléments qui peuvent faire la différence : nous sommes rapides sur les ventes même pour des belles ventes.
Questionnaire de Proust :
Occupation idéale
partir à la chasse au trésor
Le pays où j’aimerais vivre
l’Utopie car c’est, pour Oscar Wilde, « le pays où l’Humanité ne cesse de débarquer ».
Un /des Créateurs (au sens large)
Guy de Maupassant, pour sa parfaite compréhension de la matière humaine
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle
Cyrano de Bergerac (le personnage fantasmé de Rostand, pas l’écrivain du XVII, qu’on connaît d’ailleurs peu)
Ce que je déteste le plus
le laisser-aller
Ce que j’apprécie le plus chez les autres
la générosité
L’état présent de mon esprit
concentré
La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
la faute d’accord du participé passé avec l’auxiliaire avoir
Ma devise
« Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! »
Dîner idéal
en tête-à-tête avec la femme que j’aime au bord d’un lac italien, nos deux enfants jouant à nos côtés
Le monde de demain en quelques mots ?
Plus que jamais, s’adapter ou mourir !
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