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Le Trait – Ep# 42 – Alexia Leleu, un roman français

Le Trait – Ep# 42 – Alexia Leleu, un roman français

Le Trait  #42- Alexia Leleu, Un roman français

 

Il faut rencontrer Alexia Leleu, 4ème génération, pour entendre l’histoire totalement rocambolesque de sa famille, à l’origine d’une des plus grandes réussites de l’art déco entre 1910 et 1973. Alexia Leleu, quadra pétillante et ultra déterminée, y joue un rôle absolument majeur puisque c’est elle qui relancera la Maison Leleu en 2017 alors qu’elle fait une belle carrière dans l’industrie pharmaceutique.

Originaire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), son arrière-grand-père Jules Leleu est ébéniste, mais il va très vite devenir l’un des pionniers de l’art déco. Il remporte le premier prix de l’Exposition universelle de 1925 ; ce qui le propulse. Il s’installe à Paris et devient l’un des grands ensemblier-décorateurs de l’époque. Le loup ailé, emblème de la maison, s’inscrit dans l’histoire de la haute décoration française. Ainsi, la Maison Leleu a décoré le paquebot Normandie, Le France, l’Elysée, des ambassades, les intérieurs des personnalités de l’époque. De nombreuses pièces sont aujourd’hui exposées dans les musées en France et à l’étranger.

Il est difficile d’imaginer qu’une telle réussite puisse s’éteindre du jour au lendemain, mais c’est néanmoins ce qu’il se produit en 1973, à la suite de la commande impayée du Shah d’Iran qui avait mobilisé pendant trois ans la maison Leleu (de pair avec la Maison Jansen) pour les fêtes de Persépolis (1971), qui doit célébrer dans le faste les 2500 ans de l’empire perse, en présence de toutes les têtes couronnées, présidents et chefs de gouvernement.

L’entreprise est contrainte de mettre la clef sous la porte (de même d’ailleurs que Jansen). Alexia Leleu n’a jamais rien su de cette histoire familiale, secret de famille douloureux et enfoui. Aucun membre de sa famille ne racontait l’histoire de la Maison Leleu tout en vivant dans les meubles des grandes heures de la maison.

Elle décide néanmoins d’en savoir plus et se plonge dans les bibliothèques d’archives. Elle contacte une ancienne collaboratrice de son grand-père Jean : Françoise Siriex. Cette rencontre sera déterminante car Françoise Siriex a conservé toutes les archives de l’entreprise qu’elle avait récupérées dans les poubelles des ateliers de la rue Saint-Sabin (11e)…La précieuse collaboratrice les confie à Alexia Leleu et l’histoire peut ainsi recommencer.

Sans une once de doute, Alexia abandonne alors son métier et tente de reconstruire l’histoire familiale. Elle décide tout de même de s’inscrire dans une formation aux métiers de l’art à l’école Boulle pour compléter son cursus. Le souhait d’Alexia est de sauvegarder les lignes et les éléments « signatures » de Leleu mais de les repenser avec une touche contemporaine.

Le pari d’Alexia Leleu est réussi. C’est à nouveau une maison recherchée pour son raffinement et ses lignes intemporelles. Chaque pièce est signée, authentifiée, et numérotée. La maison est présente dans le mobilier, les luminaires, les tapisseries et les tapis.

Alexia Leleu raconte cette incroyable histoire au Trait.

Bonne écoute !

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Celle d’aujourd’hui ! Dans une reconversion, on quitte son ancienne vie, pour pouvoir être enfin à sa place. Je pense avoir trouvé la mienne !

Le pays où j’aimerais vivre

La France  évidemment! J’aime sa diversité de paysages, sa culture et son histoire, sans oublier sa gastronomie ( très important pour moi !) et son gout inné du raffinement.

Un /des Créateurs (au sens large)

Jules LELEU qui est pour moi un pionnier et un créateur de génie !

Bien entendu, je suis également très admirative d’Andrée Putnam, l’une des premières femmes à se démarquer dans le milieu du design .

Une couleur

Le vert !

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Andrée Putnam encore.

Et toutes les femmes entrepreneuses qui m’ont montrée la voie… Jeanne Lanvin, Meryl job, etc…

Ce que je déteste le plus

L’injustice

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

Leur honnêteté et leur humour

L’état présent de mon esprit

Pile électrique comme toujours !

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

La faute admise

Ma devise

Ne rien lâcher – Un échec permet la victoire de demain

Le monde de demain en quelques mots ?

Un monde différent de ce que l’on connaît. Un retour aux valeurs et aux choses importantes ( enfin je l’espère).

Dédicace

Le Trait  #41- Sylvie Lancrenon, Traqueuse de beauté

Le Trait  #41- Sylvie Lancrenon, Traqueuse de beauté

Le Trait  #41- Sylvie Lancrenon

Traqueuse de beauté

Elle plante ses yeux dans les vôtres et essaye de vous percer à jour. Blonde, menue, l’œil brillant et rieur, discrète, Sylvie Lancrenon, la photographe préférée des personnalités – elle a photographié les plus grands- des clichés devenus des classiques pour la plupart, vous aborde avec beaucoup de naturel et une grande gentillesse. C’est, elle, d’habitude qui crée une atmosphère propice…

Sylvie Lancrenon n’aime pas les studios. Elle photographie en mouvement, à l’instinct…comme des scènes de cinéma. « Comme au cinéma » est d’ailleurs le titre qu’elle a choisi pour sa dernière exposition de photos à la Galerie Vellutini (Paris 6e), qui s’est déroulée en début d’année. Elle a exposé une trentaine de photos de personnalités du cinéma (Bellucci, Huppert..), toutes d’un esthétisme fou.

Il faut dire que Sylvie Lancrenon, qui a commencé comme photographe de plateau à 18 ans avec Claude Lellouch, aime avant tout raconter des histoires. Elle pense ses clichés comme des scènes de cinéma. On vient la chercher pour cela. Elle capte l’instant. On se souvient de la photo d’Emmanuelle Béart, nue dans l’eau, un matin à l’aube qui a fait la couverture du magazine Elle et qui est restée dans les esprits, célébrant le corps des femmes et leur beauté. Il y en a eu beaucoup d’autres que l’on peut retrouver dans l’ouvrage « Ombres et lumières » publié en 2021 (Albin Michel).

Si elle a le talent de saisir la fugacité d’un moment, Sylvie Lancrenon travaille énormément ses prises de vue. Elle raconte au Trait ses partis pris, son goût de la beauté et la liberté qu’elle s’octroie désormais de choisir ses « sujets », les aimer pour sublimer, en traqueuse de beauté, à la recherche d’une certaine vérité

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Nager dans les rivières, dans l’océan, même dans une piscine ! C’est une détente essentielle, là où je peux faire le vide, là où je trouve l’inspiration.

Le pays où j’aimerais vivre

J’aime être là où je suis mais il est vrai que l’Espagne et ses bords de mer m’enchantent

Un /des Créateurs (au sens large)

Christian Liaigre avec lequel j’ai eu la chance de collaborer et qui malheureusement nous a quitté.

Une couleur

Le rouge, qui révèle ma passion pour les coquelicots

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Max & Elton, mes deux jack russell que l’on appelait sur les shooting, Monsieur Lancrenon 

Ce que je déteste le plus

Ne pas rire et puis ressentir le mensonge chez l’autre.

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

Qu’ils me fassent rire et qu’ils me troublent aussi.

L’état présent de mon esprit

C’est une période où je réfléchis à un nouveau projet artistique. C’est très stimulant et cela me donne une joie de vivre.

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

la colère lorsqu’elle est dirigée contre l’injustice sociale.

Ma devise

Toujours partante !

Le monde de demain en quelques mots ?

Affolant ! Je préférerais revenir en arrière dans des temps moins troubles et plus calmes… 

Dédicace

Le Trait – Ep. #40 Avec Sophie Dries, L’Architecte Audacieuse

Le Trait – Ep. #40 Avec Sophie Dries, L’Architecte Audacieuse

Le Trait  #40         

Sophie Dries:   L’ audacieuse

 

La jeune designeur et architecte Sophie Dries a reçu Le Trait dans son appartement showroom du boulevard Beaumarchais, à Paris, dans le 11e arrondissement. Affectée d’un gros rhume et en partance pour New-York, Sophie Dries prend néanmoins le temps de la rencontre. Elle se prête à l’exercice avec une totale bienveillance et un sourire inaltérable.

Dans son intérieur, on comprend très vite que Sophie Dries, lauréate du prix « Coup de cœur » des AD & Land Rover Awards 2022, n’aime rien tant que l’expérimentation et la recherche notamment sur les matières. Après cinq années passées au sein de trois grandes agences parisiennes (Pierre Yovanovitch, Christian Liaigre, Jean Nouvel), elle crée sa propre agence en 2014 : elle n’a que 27 ans…

D’origine franco-algérienne, kabyle plus précisément, elle mélange les époques et les styles. Diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA) Paris-Malaquais, elle a également suivi un cursus en design à l’université Alvar Aalto à Helsinki.

Sophie Dries fait incontestablement partie des créatrices à suivre…

Verbatim

« Les études d’architecture en France ne sont pas du tout comme dans le monde anglo-saxon où il y a plus de moyens. J’ai voulu compléter par un cursus en Scandinavie. Il y a beaucoup d’ateliers pour exposer, donner aux objets une réalité dans le monde de l’industrie, les produire… »

« J’ai monté mon studio à 27 ans en solo mais ce n’était pas du tout facile. Ce sont des doutes tout le temps, aujourd’hui encore ! … »

« Pas facile d’être une femme dans un milieu masculin notamment sur un chantier … mais quand on gagne le respect, on est plus respecté que les hommes ! ».

« Il faut assumer que la décoration; c’est Paris désormais. Il y a plus de décorateurs à Paris que dans aucune autre ville au monde ».

« Décorer une boutique pour quelqu’un, c’est presque dresser un portrait… »

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Dormir

Le pays où j’aimerais vivre

Italie : j’y vis en partie, et la France bien sûr

Un /des Créateurs (au sens large)

Miuccia Prada

Une couleur

Jaune

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Frida Kahlo
Olympe de Gouges

Ce que je déteste le plus

L’avarice

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La générosité

L’état présent de mon esprit

Renaissance printanière

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

La gourmandise

Ma devise

C’ est l’exception qui confirme la règle

Le monde de demain en quelques mots ?

Slower

Dédicace

Le Trait – Ep. #39 Avec Pascal Donat et Anne Billaz : Maison Elle, quand un magazine se lance dans l’hôtellerie

Le Trait – Ep. #39 Avec Pascal Donat et Anne Billaz : Maison Elle, quand un magazine se lance dans l’hôtellerie

 LE TRAIT – Episode 39 – Hot’ELLE 

C’est la première fois qu’un magazine se lance dans l’hôtellerie. « Elle » a désormais son hôtel à Paris, près de l’Arc-de-triomphe. Une jolie bâtisse discrète nichée dans le 17e arrondissement, rue Brey, et une grande porte en bois qui permet d’accéder à Maison Elle, autrefois l’hôtel Flanelles …après avoir sonné. Un bar intimiste, une grande bibliothèque-cheminée, dans les tons noirs et gris, enveloppée de lumières indirectes. Une boutique-hôtel cosy de 25 chambres et une suite, où il est aussi possible aussi de venir simplement prendre un thé et une pâtisserie-maison (Nicolas Paciello), faire son cours de Yoga (Caroline Fauquette), se rendre au spa (Docteur Hauschka).  « Maison Elle » deviendra aussi un lieu de rencontres et d’évènements. Des collaborations avec des designers sont également envisagées pour  la boutique.

Tout est dit de l’ « expérience Maison Elle » souhaitée par Anne Billaz, PDG de Lagardère Active Entreprises et Pascal Donnat, PDG de Valotel. Mais c’est Pascal Donnat qui a d’abord sollicité Lagardère. Cela n’allait pas de soi. Comme hôtelier, il a eu envie de faire du « cobranding » avec une marque connue du grand public et « Elle » lui paraissait tout indiquée. Il a fallu convaincre le groupe Lagardère, parce que transformer une marque de magazine, a fortiori déjà forte comme « Elle », en une marque d’hôtels reste un défi de taille. Le projet a mis quelques années à voir le jour. En s’adressant à « Elle », Pascal Donnat mobilisait les valeurs du magazine : le combat en faveur des droits des femmes, mais aussi la diffusion de l’art de vivre français, le mythe de la parisienne insolente, chic mais décontractée. L’iconographie du lieu le rappelle. « Elle hospitality » a fait appel à Laurent Bardet (Agence Laurent et Laurence).

Maison Elle a vocation à s’étendre, Amsterdam, Bruxelles… « Elle hospitality » souhaite également ouvrir des « Elle hôtels » (gamme supérieure) au Mexique prochainement, en Chine. Une façon de diffuser l’esprit français.

Dans cette épisode, Anne Billaz et Pascal Donnat nous racontent avec une émotion non-feinte et un enthousiasme communicatif l’aventure Maison Elle…

Verbatim

« Nous nous sommes dit : Et si « Elle » était une marque d’hôtel : à quoi cela pourrait-il ressembler ? »

« Un magazine rentre dans votre intimité. « Elle » est très proche de ses lecteurs. L’expérience hôtelière ; c’est cette même expérience d’intimité. Il fallait créer des liens avec le magazine ».

« Les boutiques-hôtel, c’est tendance, mais Maison Elle c’est surtout un établissement pas trop grand, pas trop bruyant qui prend soin de nous quand on voyage. Le choix du mot « maison » n’est pas un hasard ».

« Au départ, on se disait que, pour le choix des designers, on voulait des noms …. Mais finalement, « Elle » est déjà une marque très forte. On s’est rendu compte qu’on avait plutôt besoin de designers qui pourraient traduire nos valeurs au travers du design. « Maison Elle » n’est pas l’hôtel de tel ou tel designer, mais bien Maison Elle ».

Questionnaire de Proust :

Anne Billaz, PDG Lagardère Active Entreprises

Occupation idéale

Voyager pour découvrir de nouvelles cultures (l’art culinaire , le savoir faire , leur histoire …) avec les gens que j’aime afin de pouvoir partager ces découvertes

Le pays où j’aimerais vivre

Après la France, Le Japon où j’ai eu la chance d’aller plus d’une vingtaine de fois pour le travail . A chaque visite je suis séduite par le raffinement et la délicatesse de leur culture.

Un /des Créateurs (au sens large)

De nombreux créateurs mais si je devais faire un choix : Marithé François Girbaud pour leur audace dans la création et leur style avant-gardiste , Jean- Paul Gauthier pour sa pièce iconique la marinière repensée à chaque saison , Michael Jackson pour avoir révolutionné le monde de la musique avec ses clips videos , Frida Kahlo pour ses autoportraits bouleversants et Niki de Saint Phalle pour ses œuvres colorées monumentales et toutes les 2 pour leur engagement

Une couleur

L’indigo pour son intemporalité

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Toutes les personnes qui ont le courage de leurs opinions au péril de leur vie

Ce que je déteste le plus

L’injustice , le radinisme et l’intolérance

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La générosité de cœur, l’ouverture d’esprit , la joie de vivre

L’état présent de mon esprit

Optimiste car je crois dans l’homme , à sa capacité à s’adapter et à faire évoluer les choses dans le bons sens

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

Toute faute si celle-ci permet de grandir

Ma devise

« Girls can do anything »

Le monde de demain en quelques mots ?

Un monde plus respectueux de l’homme et de la nature

Pascal Donat, PDG de Valotel

Occupation idéale

Par une belle journée de printemps, faire la cuisine pour les gens que j’aime

Le pays où j’aimerais vivre

N’importe où, pourvu que ce soit avec ELLE 😉 (la femme que j’aime)

Un /des Créateurs (au sens large)

Des artistes qui ont profondément bouleversé notre vision du monde en imposant une esthétique résolument nouvelle : comment un Magritte a transformé notre vision du corps, un Mondrian qui nous a fait aimer les formes géométriques ou un Arman qui a repensé notre rapport aux objets.

Mais j’ai également un immense respect pour ceux qui ne créent pas mais perpétuent la tradition du d’un savoir faire manuel ancestral. Je pense aux artisans de talent qui travaillent la pierre, le bois…

Une couleur

Terracota : c’est pour moi la couleur de la terre mélangée au soleil

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Eugène de Rastignac (héros balzacien), ou Georges Duroy, le héros de Bel-Ami (Maupassant), ont longtemps fait rêver le jeune provincial que j’étais : ils étaient jeunes et séduisants, rêvaient de se faire une place à Paris.

Mais çà, c’était avant…

Aujourd’hui, le seul qui me vienne à l’esprit serait… Jésus !

Ce que je déteste le plus

La bêtise et l’avarice

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

Un cœur sincère

L’état présent de mon esprit

L’enthousiasme (c’est de famille !) 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

La faute de goût, car elle est subjective, humaine et par conséquent profondément touchante.

Ma devise

N’aie pas peur

Le monde de demain en quelques mots ?

Inédit, complètement réinventé : nous entrons dans une phase de changement historique aussi profonde que l’invention de l’écriture ou la mécanisation de l’agriculture. C’est le moment d’ouvrir nos yeux, notre esprit… et nos cœurs.

Dédicace

Le Trait – Ep. #38 Avec Claude Courtecuisse : un pionnier du design méconnu

Le Trait – Ep. #38 Avec Claude Courtecuisse : un pionnier du design méconnu

LE TRAIT – Episode 38 – Claude Courtecuisse

 Signé « Courtecuisse »

Il nous fallait réparer l’injustice qui fait de Claude Courtecuisse, 80 ans, le contemporain de Raymond Loewy et Roger Talon, une personnalité importante de l’histoire du design, mais dont le nom reste peu connu …Il a néanmoins été récemment évoqué avec la réédition par Monoprix de ses collaboration cultes. L’enseigne souhaitait rééditer son fauteuil Apollo conçu pour Prisunic à une époque où, sous l’impulsion de Denise Fayolle, Prisunic faisait alors la promotion du « Beau au prix du laid »…

Claude Courtecuisse a commencé sa carrière en concevant un fauteuil léger en carton, cinq ans avant Franck Gehry. Son père était négociant en carton et, cette matière dit-il, lui était familière. Un succès immédiat ! C’est encore lui qui, dix-sept ans avant Philippe Starck, crée la première chaise en plastique transparente.

Esprit alerte et toujours branché sur son époque, Claude Courtecuisse livre une réflexion intéressante sur le design et l’art, ou plutôt les deux à la fois car, pour lui, les démarches sont liées. Et il n’aime rien tant que les performances artistiques…

VERBATIM

« Il y avait les cartonneries de la Lys dans le Nord, très florissantes et j’ai participé en 1967 au salon des décorateurs. J’ai eu le prix de création à 27-28 ans pour mes chaises en carton ».

« On était dans une société où les modes de vie allaient changer : on n’achetait plus son salon pour la vie. On a conçu des mobiliers adaptables, éphémères… Nord Eclair a titré à l’époque : Avec M. Courtecuisse, le durable est démodé. Aujourd’hui un tel titre ne serait plus acceptable… ».

« J’ai utilisé le plastique qui était un matériel très nouveau, il semblait résoudre beaucoup de problèmes dans la société de l’époque. On ne savait pas que, dans la production, il y aurait des nuisances… ».

« Déjà, à l’époque, je voulais faire des performances… ».

« J’ai déplacé ma culture du design dans le domaine des installations ».

«On est dans une mutation planétaire des échanges. Ce qui m’interroge, c’est l’impact sur les relations sociales, l’identité profonde et la capacité de regarder le monde ».

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Les premiers traits que je dessine sur une feuille blanche.

Le pays où j’aimerais vivre

La France en raison de sa richesse de territoire et de culture, une France que j’ai parcouru en voiture enfant pendant les grandes vacances et plus tard adulte, j’ai continué.

Un /des Créateurs (au sens large)

Marcel Duchamp pour ses Ready Made. Caravage, au travers de l’humanité qui se dégage des personnages de ses peintures.

Une couleur

Rose.

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Mankievicz, Hitchcock, Lubitsch, Renoir pour son film « la règle du jeu »

Ce que je déteste le plus

Les tags

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

Leur présence, leur écoute, leur partage dans les échanges

L’état présent de mon esprit

Tristesse, angoisse liée au vieillissement, à la perte probable d’autonomie

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

La maladresse

Ma devise

L’horizon est toujours à hauteur Dieu.
L’Art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’Art pour citer Robert Filliou

Le monde de demain en quelques mots ?

Passionnant, effrayant. Profondément interrogatif sur les mutations à venir.
Espoir de l’émergence d’une nouvelle forme d’intelligence.

Dédicace