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Le TRAIT- Épisode 52 -Jean-Christophe Camuset: Vigie du design

Le TRAIT- Épisode 52 -Jean-Christophe Camuset: Vigie du design

LE TRAIT- Episode 52 

Jean-Christophe Camuset : Vigie du design 

Journaliste à Elle déco depuis 2021, Jean-Christophe Camuset a affiné son regard depuis ses débuts à IDEAT. Spécialiste du design et de la décoration, ainsi que des technologies, il cultive une passion communicative pour ces deux domaines qu’il explore avec un enthousiasme contagieux.

Le Trait lui a demandé comment il repère les designers et ce qui le touche le plus dans leur travail. Selon lui, le design repose sur deux éléments essentiels : l’intention et la contrainte. Pour lui, le designer est avant tout un artiste, mais un artiste soumis aux contraintes de la production et de la fonctionnalité. Le design est toujours une rencontre entre l’esthétique et le fonctionnel.

Jean-Christophe Camuset cherche avant tout à mettre en lumière l’innovation, ce qui n’a pas encore été vu, ce qui fait avancer le monde du design.

S’il est passionné par la technologie, il estime que celle-ci doit servir la poésie, plutôt que d’être un simple effet de mode.

À la rédaction de Elle déco, trois journalistes, chacun avec sa propre vision de l’image et de l’objet, se concertent pour repérer les nouvelles tendances et dénicher l’exclusivité. Ce travail l’amène à voyager fréquemment et à rencontrer de nombreux designers.

Jean-Christophe reconnaît être moins attiré par le design scandinave, préférant le côté « débridé » et joyeux du design méditerranéen, en particulier italien.

Il évoque également, dans cet épisode, les transformations en cours dans le monde du design, où les jeunes créateurs, moins soutenus par les grandes maisons qu’auparavant, semblent plus libres et créatifs. ils fabriquent eux-mêmes, ce qui leur permet de garder une approche plus authentique et novatrice.

Il souligne aussi la différence fondamentale entre le monde du design et celui du luxe. Bien que le design soit souvent associé au luxe, il réalise des marges bien plus faibles, et les éditeurs du secteur n’ont pas la même surface financière que les acteurs du luxe.

VERBATIM

« Je ne crois pas qu’il y ait de frontières entre art et design. Il n’y a que des zones grises. Les frontières se brouillent de plus en plus.

– Je préfère aller chercher ceux qui font les choses différemment et qui font avancer le design et la décoration.

– J’essaye de repérer ce qui est nouveau, ce qui ne relève ni de la redite ni du passéisme.

– La technologie doit être au service de la poésie. Je n’aime pas la technologie pour la technologie.

– Le monde du design évolue profondément avec moins d’acteurs traditionnels. Il y a une grande effervescence parmi les jeunes designers à Paris, Berlin, Londres. Mais les éditeurs, par frilosité, se tournent de plus en plus vers les grands noms déjà établis, ce qui laisse moins de place aux jeunes talents. Les jeunes designers ne peuvent plus compter sur les grands fabricants pour vivre de leur art. Ils sont très imaginatifs.

– La formation en design est de qualité en France, mais après leurs études, les jeunes designers ne travaillent pas forcément dans leur domaine. Il y a peu de fabricants en France.

La crise du retail est profonde. Les designers doivent aujourd’hui travailler à 360 degrés, là où ils peuvent apporter quelque chose, notamment dans des domaines comme la scénographie, le design graphique, le design produit.

– Le rôle du designer, c’est de se fondre dans l’ADN du fabricant. Cela fait partie des contraintes. Mais souvent, les fabricants se replient sur ce qu’ils savent faire, plutôt que de prendre des risques.

– Le design, bien qu’étroitement lié au luxe, génère des marges infiniment plus faibles. Par conséquent, la surface financière des éditeurs est plus réduite. Les coûts de fabrication, de manutention et d’expédition sont considérables.

– L’intelligence artificielle : les designers doivent s’emparer des technologies pour renouveler leur vocabulaire et continuer à produire des objets pertinents. »

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Faire de la musique avec d'autres personnes, découvrir de nouvelles formes de beau.

Le pays où j’aimerais vivre

 L'Italie tout en étant conscient des difficultés de la vie quotidienne et de l'état profond du pays, tel que décrit par Francesca Melandri par exemple. J'ai récemment redécouvert Berlin et l'équilibre entre rigueur et folie créatrice est séduisant.

Un /des Créateurs (au sens large)

Un contemporain (Paul Mouginot) et un classique (Enzo Mari)

Une couleur :

Le vert, mais c'est passager…

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

L'écrivain américain Tom Robbins / Le musicien Johnny Greenwood /L'entrepreneur Adriano Olivetti

 

Ce que je déteste le plus

Le passéisme, la nostalgie...

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La fraîcheur d'esprit.

L’état présent de mon esprit

Positif et curieux, toujours.

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

Toutes, si elles sont reconnues.

Dîner idéal :

Menu ou convives ? 🙂

Ma devise

Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme (Lavoisier)

Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes,

ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements (Darwin)

Le monde de demain en quelques mots ?

Plus incertain que jamais.

Le TRAIT- Episode 51 – Marine Peyre

Le TRAIT- Episode 51 – Marine Peyre

LE TRAIT- Episode 51 – Marine Peyre

La fabrique d’un designer

Depuis son stage chez Inflate Design à Londres dans les années 90, où sa passion pour le design s’est solidement enracinée après des études d’architecture et aux Beaux-Arts de Marseille, Marine Peyre n’a cessé d’expérimenter et de se réinventer. Dans cet épisode du Trait, elle nous partage ses débuts et son parcours, animée par un enthousiasme indéfectible et une volonté de toujours aller de l’avant. Ces valeurs, dit-elle, ne l’ont jamais quittée.

 

Parmi ses premières réalisations, elle a lancé la marque « Cooked in Marseille », aujourd’hui disparue, qui a marqué les premières étapes de son aventure créative. Sa démarche était ancrée dans le désir d’explorer ce qu’elle appelle un « design contextuel ». Concrètement, elle se demandait : est-ce que l’esthétique d’une ville, d’une région ou d’un pays, ses formes, couleurs et matières peuvent être retranscrites à travers un objet ou un mobilier ? L’idée se traduisait par une gamme ludique dans l’esprit du Tupperware, avec des créations en silicone. Marine Peyre a toujours eu à cœur de détourner les usages traditionnels des produits. 

 

Cependant, cette aventure s’est arrêtée lorsqu’elle a refusé de produire des objets « made in China », alors que les produits en silicone chinois envahissaient le marché européen.

 

Cherchant à dépasser l’objet, Marine Peyre a souhaité se tourner vers l’espace. Sa formation aux Beaux-Arts lui a offert une grande liberté créative et cultivé son goût du concept, un élément essentiel dans ses créations actuelles.

 

Elle considère que l’humilité est la qualité principale d’un bon designer. « Il ne s’agit pas seulement de faire un beau dessin, mais de se demander si le projet est réalisable, quel matériau il faut inventer, et comment travailler avec les équipes pour le rendre concret. Le coût de fabrication et le prix de vente doivent être cohérents », explique-t-elle.

 

Marine Peyre nous dévoile également la réalité du métier de designer indépendant, sans éluder les difficultés que cette profession engendre, notamment le fait qu’elle n’est pas aussi bien référencée que celle d’architecte par exemple.

VERBATIM

« Je voulais me lancer dans un métier créatif sans savoir lequel. L’architecture m’est apparue comme un tout : assimilation de références, techniques, dessins, constructions. J’y ai tout appris. Cela m’a ouvert les yeux sur le design.

-En 3e année d’architecture, je me suis retrouvée face à des contraintes techniques : la construction d’un bâtiment, ce qui était assez rébarbatif. Je voulais quelque chose de plus palpable, que je pouvais maîtriser : l’échelle de l’objet, à taille humaine. Je fais aujourd’hui beaucoup de mobilier. Je voulais inventer un vocabulaire de formes qui amène à l’usage.

-Ma base d’inspiration est ce que j’appelle « le non-design » : j’aime détourner les objets.

-Cooked in Marseille, c’était l’esprit de la plage du Tupperware. On a travaillé toute une gamme de produits en silicone, colorés, transcendés à une échelle plus universelle.

-Quand on fait les Beaux-Arts, on est complètement libres, peut-être trop. Mais cela donne une grande liberté et une grande ouverture d’esprit.

-Le regard artistique du designer : c’est le plus important. Le dessin apporte un nouvel usage, une nouvelle manière de voir les choses. On n’invente rien, mais on réinvente. Tout est design, tout est dessiné. C’est un œil avec ses codes, ses couleurs, ses vocabulaires de formes.

-J’étais plus jeune dans la volonté de faire un design démocratique, mais c’est moins facile quand on produit en France. Un produit qui parle à tout le monde, à la fois à quelqu’un d’érudit et à quelqu’un qui n’y connaît rien ; c’est un vrai plaisir.

-J’ai dessiné un sex-toy édité par Love to Love et vendu par Rykiel. On est venu me chercher pour mon travail sur le silicone phosphorescent. Cela m’a beaucoup amusé. Je voulais un objet qui puisse se montrer, qui n’est pas forcément caché, avec une fonction : stimuler le corps de la femme. J’ai eu un stand sur Maison et Objets en « Art de vivre ».

-J’ai toujours eu mon nom sur les objets que j’ai dessinés, car je n’ai pas travaillé dans une agence pour quelqu’un.

-Le design : c’est un métier qui n’est pas référencé ; ce n’est pas comme un architecte : le prix dépend de la notoriété du designer. La question des royalties n’a pas de base. La question de la négociation est clé. Je pense qu’il faudrait clarifier le statut des designers. Beaucoup de designers travaillent avec des avances sur royalties.

 

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

NAGER

Le pays où j’aimerais vivre

Il n’existe pas … hélas

Un /des Créateurs (au sens large)

Joe Colombo, Louise Bourgeois, Charlotte Perriand, David Bowie

Et beaucoup d’autres

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Wonder woman –  Mick Jagger

Ce que je déteste le plus

L’INTOLÉRANCE, le mensonge … les convictions

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

L’humour, l ’humilité

L’état présent de mon esprit

JOYEUX

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

La vengeance

 

 

Ma devise

Ce qui est fait n’est plus à faire

Le monde de demain en quelques mots ?

Bi polaire, ultra numérique et aseptisé d’un coté et sauvage et débridé de l’autre côté

Le TRAIT- Episode 50 – Les Fauves de l’enchère avec Dimitri Joannidès

Le TRAIT- Episode 50 – Les Fauves de l’enchère avec Dimitri Joannidès

LE TRAIT- Episode 50 – Les Fauves de l’enchère avec Dimitri Joannidès

 

Dimitri Joannidès est le co-fondateur de la maison de vente FauveParis, créée il y a 10 ans et qui s’est déjà taillée une belle réputation. Tous les fondateurs avaient alors la trentaine et travaillaient dans des maisons de vente prestigieuses. Mais ils nourissent l’idée d’élargir l’accès aux enchères et de casser les codes par rapport aux maisons de vente traditionnelles. Une audace certaine donc face à de grands noms comme Christie’s ou Drouot.

Fauve doit d’ailleurs son nom aux artistes « Fauve » : Derain, Matisse, Braque… qui se sont illustrés par leur volonté de renouvellement…Le journal Les Echos a classé Fauve parmi les 500 entreprises françaises les plus dynamiques cette année.

L’entreprise est en pleine croissance dans un contexte relativement morose. La flexibilité de la maison lui a permis de tirer son épingle du jeu durant le Covid notamment car les ventes ont continué.

Dimitri Joannidès reçoit Le Trait, au siège de Fauve, situé rue Saint-Sabin dans le 11e arrondissement de Paris: un espace de 750m2 inspirant, joyeux et bohème, rempli d’œuvres d’art. Un lieu d’expertise, de stockage de vente et de retrait. Spécialisée dans les œuvres d’art, les arts décoratifs et l’art de vivre, FauveParis organise une vente aux enchères publique chaque samedi matin, précédée d’une semaine d’exposition des biens mis en vente.

S’installer à l’Est de Paris et non pas dans le triangle d’or (Paris 8 e) était en soi déjà disruptif et signalait « la volonté de libérer les enchères ». Fauve dispose désormais également d’un lieu place des Vosges : « cela institutionnalise un peu plus la maison dix ans après notre création, c’est important aussi. (…). On sent une curiosité de la part des autres maisons. Notre image de marque est en fait relativement décorrélée de notre taille réelle. Parfois, nos clients étrangers pensent qu’on est plus gros qu’on est », explique Dimitri Joannidès dans cet épisode.

Fauve a réalisé la première vente NFT (Non-fungible token) en France.

Dans l’équipe, Dimitri Joannidès est spécialisé sur le 20e siècle en peinture, estampes. Il se décrit comme un bon généraliste avec quelques lacunes sur l’Asie et l’Afrique. La maison fait appel à des experts extérieurs en cas de doute. Dimitri Joannid§s estime qu’il est aujourd’hui très important d’avoir une spécialité de niche.

Dans cet épisode du Trait, Dimitri Joannidès partage avec enthousiasme et sincérité sa passion pour son métier.

VERBATIM

-On veut faire bouger les lignes. On ressent un peu la querelle des anciens contre les modernes notamment lorsque nous avons réalisé la première vente NFT en France.

-On est tous contents de venir le matin. On n’est pas soumis à un plan d’actionnaires qui exigerait une rentabilité de 15%. Par chance, elle est d’ailleurs supérieure…On s’est dit : est-ce que nous voulons à tout prix faire de la croissance ? Une maison Fauve Bruxelles, Londres, Athènes, cela s’est présenté, mais cela ne s’est pas fait. Notre travail est très intuitu personae.

-On voulait dans les 10 ans, être dans les 10 premières maisons, on ne l’est pas en chiffre d’affaires. Mais ce qu’on aime avant tout, c’est raconter de belles histoires et la quête d’une œuvre.

– On intervient à des moments de vie particulier : les « 4D » dettes, divorces, décès, déménagements… Nos clients sont des personnes de tous âges : des personnes qui ont trouvé des choses incroyables dans des brocantes, qui ont hérité, des personnes âgées qui vendent des bijoux, et d’autres qui veulent faire évoluer leur collection…

-La clé pour nous, ce sont les vendeurs. Il faut trouver les objets. Il faut avoir l’objet. La chasse aux trésors ; c’est la guerre la plus rude avec nos confrères.

-Parmi les éléments qui peuvent faire la différence : nous sommes rapides sur les ventes même pour des belles ventes.

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

partir à la chasse au trésor

Le pays où j’aimerais vivre

l’Utopie car c’est, pour Oscar Wilde, « le pays où l’Humanité ne cesse de débarquer ».

Un /des Créateurs (au sens large)

Guy de Maupassant, pour sa parfaite compréhension de la matière humaine

Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Cyrano de Bergerac (le personnage fantasmé de Rostand, pas l’écrivain du XVII, qu’on connaît d’ailleurs peu)

Ce que je déteste le plus

 le laisser-aller

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

 la générosité

L’état présent de mon esprit

concentré

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

la faute d’accord du participé passé avec l’auxiliaire avoir

 

 

Ma devise

« Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! »

Dîner idéal

en tête-à-tête avec la femme que j’aime au bord d’un lac italien, nos deux enfants jouant à nos côtés

Le monde de demain en quelques mots ?

Plus que jamais, s’adapter ou mourir !

LE TRAIT Episode 49- Une biennale pour le design à Messine

LE TRAIT Episode 49- Une biennale pour le design à Messine

LE TRAIT- Episode 49 – Une biennale pour le design à Messine 

Le Trait a rencontré l’architecte et urbaniste, Alfonso Femia, dans le 10e arrondissement de Paris au sein des « Ateliers Femia», implantés aussi à Milan et Gênes.

Né en Calabre, diplômé en architecture de l’université de Gênes, intellectuel engagé, Alfonso Femia nourrit une réflexion forte sur la ville, plus généralement le territoire et ses enjeux en termes d’harmonie, de fluidité, mais aussi de développement durable. Il a publié, en 2023, un ouvrage intitulé « Voyages », qui retrace les projets qu’il a porté avec son agence.

Il raconte, dans ce nouvel épisode du Trait, son obsession de livrer des bâtiments nourris par l’histoire des lieux, appelant au dialogue et à l’échange, qui l’obsèdent.

Il s’intéresse aussi particulièrement à l’espace Méditerranéen qu’il envisage comme un laboratoire. Il a ainsi lancé en 2022 la « Biennalle dello Stretto » (la Biennale du Détroit) ; une rencontre autour de l’art, de l’architecture et du design qui a lieu depuis Messine entre Sicile et Calabre.

Alfonso Femia veut décentrer le regard, nourrir l’échange entre différents corps de métier, favoriser la réflexion dans un monde où la perception l’emporte trop souvent sur la cognition, dit-il.

« Nous cherchions un territoire, pas une ville. Pour la première fois une biennale porte un nom de territoire. C’est très fort d’un point de vue politique et géographique. On a transformé un lieu de séparation en un lieu de débat. Nous voulons créer une conscience à travers la connaissance. Notre société sépare complètement la perception et la cognition des choses. Nous voulons réconcilier les deux. Il faut retourner au temps long, s’arrêter, réfléchir, revenir »…

Le Trait est très heureux d’être partenaire de l’édition 2024 qui aura lieu du 14 septembre au 18 décembre 2024.

Plus d’informations:

LA BIENNALE DELLO STRETTO 2024 / COMING SOON – Atelier(s) Alfonso Femia AF517Atelier(s) Alfonso Femia AF517 (atelierfemia.com)

Verbatim

« J’ai voulu réfléchir autour de la Méditerranée et de l’invisibilité. Invisibilité : c’est quelque chose qui existe mais que nous n’avons plus la capacité de regarder, ou alors ce n’est pas l’objet de notre regard.

-Nous ne pouvons pas perdre la richesse de la Méditerranée. La Méditerranée est un laboratoire exceptionnel, par exemple l’eau. L’eau est devenue sentinelle de tous les aspects. Il faut par exemple redonner de l’espace à l’eau. Dans le nord de l’Europe, on commence à détruire des digues.

-Biennale du Détroit : nous cherchions un territoire, pas une ville. Pour la première fois une biennale porte un nom de territoire. C’est très fort d’un point de vue politique et géographique. On a transformé un lieu de séparation en un lieu de débat. Nous voulons créer une conscience à travers la connaissance. Notre société sépare complètement la perception et la cognition des choses. Nous sommes une société de perception. Nous voulons réconcilier les deux.
Il faut retourner au temps long, s’arrêter, réfléchir, revenir. C’est la continuité aussi du projet de la Biennale. Lors de la première édition, 10000 personnes sont passées ici, dans ce détroit.

-On doit avoir le courage de réhabiliter et pas de détruire. Je suis pour la réhabilitation des friches industrielles par exemple.

-Je ne suis pas pour la décroissance mais pour retrouver l’équilibre. Ce qui permet le dialogue, la discussion en mettant le projet au centre.
Nous avons perdu l’idée de l’équilibre, on pense toujours qu’on peut avoir une croissance continue. C’est une folie. L’équilibre c’est aussi le projet, discuter. Il y a toujours un point d’équilibre dans un projet.

-Migrations, accueil dans la ville : le problème de l’accueil traduit une exigence que la politique ne voit pas, car il n’y a pas de volonté. La dimension de l’invisibilité de l’Europe vers l’Afrique est incroyable. Nous sommes un continent vieux, statique, en décroissance et nous avons juste en face un continent qui, dans les prochaines années, aura une croissance très dense avec des ressources.

-On parle de traiter la migration mais on doit partir d’une autre vision de l’Afrique. Il faut changer nos points de vue. Comment imaginer la situation dans le temps long ? Cela doit faire partie d’une vision européenne, méditerranéenne sans cela on ne peut pas avoir une vision du futur de l’Europe.

-Ce qui est important pour nous à l’agence (50% de projets publics, 50 % de projets privés); c’est la recherche. Il y a des règles à respecter (architecturales), mais il y a aussi des contrastes dans un lieu. Nous cherchons une écriture capable de dialoguer avec le contexte. Nous aimons des projets ancrés. Pour nous, un projet qui trouve un équilibre entre une réponse urbaine, architecturale, technique, esthétique, social est bon projet ».

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

la musique

Le pays où j’aimerais vivre

la Méditerranée

Un /des Créateurs (au sens large)

Caravaggio

Une couleur
bleu
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Jeanne d’Arc et ma mère

Ce que je déteste le plus

l’incapacité à écouter un minimum et à faire émerger un dialogue

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

les personnes avec des sentiments, la capacité de ressentir, la réflexion faite avec la tête et le cœur, les rêves et la réalité

L’état présent de mon esprit

méditerranéen

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

 toutes les erreurs sincères

 

 

Ma devise

Responsabilité et générosité

Dîner idéal

Au milieu d’un paysage, les pieds dans le sable, vers l’horizon

Le monde de demain en quelques mots ?

Responsabilité et générosité

LE TRAIT Episode 48-Charlotte Tarbouriech, l’intrépide.

LE TRAIT Episode 48-Charlotte Tarbouriech, l’intrépide.

LE TRAIT Episode 48- Charlotte Tarbouriech, l’intrépide

Le Trait a rencontré Charlotte Tarbouriech dans son atelier du 11e arrondissement de Paris, parmi ses créations et ses outils. C’est une jeune femme de trente ans, blonde et gracile, qui nous reçoit. On comprend très vite que derrière ce physique, se cachent une personnalité très affirmée, un goût certain de l’aventure et de l’intrépidité, une revendication de liberté et de sincérité.

Fille de « trader », scolarisée un temps (jusqu’à ce qu’on lui demande de partir), chez les jésuites à l’école Franklin (Paris 16e), elle entame un chemin de traverse (au regard des exigences familiales) et rejoint, après avoir effectué un an à l’école Penninghen, le studio Berçot qui a formé beaucoup de designers, mais a fermé depuis. Personnalité solaire, très peu adaptée, dit-elle à l’école, elle s’y épanouit totalement (tout en profitant aussi de la vie parisienne…). Elle commence une carrière de consultante en mode (notamment dans le secteur des souliers) et, en plein Covid, décide avec une amie de longue date, Pauline Leyravaud, de créer la marque POLCHA.

Le studio POLCHA explore tous les champs du design : création de mobilier, aménagement intérieur, scénographies, décors, installations…

Les créations se veulent à la croisée de l’art et du design avec des œuvres très audacieuses et personnelles, colorées et pop, avec un parti pris originel d’upcycling.

On a pu retrouver POLCHA à la Bibliothèque historique de la ville de Paris lors de la dernière Design week, à Art Basel (Miami). Certains objets de la marque sont entrés au Mobilier national.

Nous avons demandé à Charlotte Tarbouriech d’évoquer avec nous l’expérience de création d’une marque trois ans après son lancement et s’il est difficile de maintenir ses convictions de départ quand on est confronté à la réalité d’une entreprise.

Bonne écoute !

VERBATIM

« Je me définis comme un électron libre. Ce qui me caractérise, c’est ma liberté mais aussi mon angoisse. Je suis partie à Londres assez vite pour travailler avec Nicolas Kerkwood. Il y avait aussi d’autres noms qui me fascinaient : Peter Pilotto notamment.

-j’adore les usines cela a toujours été ma passion…J’en ai visité beaucoup !

-POLCHA : Avec Pauline, on s’est dit qu’on devait faire quelque chose dans l’upcycling. J’adore la couleur et les univers graphiques, Pauline, elle, c’est le trompe-l’œil, les fresques. On s’est associées.

-On travaille sur des meubles qu’on chine. Ce sont des pièces uniques. Le problème que cela nous a posé : il faut remettre chaque meuble en état puis les meubles sont signés et donc on peut se poser la question : à partir de quel moment en transformant un meuble, il peut nous être attribué …

-Nous réfléchissons maintenant au développement. Il nous faut trouver une solution plus viable. On est beaucoup dans l’auto-financement. Venant du milieu de la mode, je n’avais pas forcément les contacts dans le monde du design.

-On est très fort sur notre proposition visuelle mais cela peut aussi faire peur…D’un point de vue esthétique, nous ne sommes pas très français. Notre proposition est peut-être plus adaptée à l’Italie, aux États-Unis. Nous sommes également intéressées par les scènes mexicaine et brésilienne qui font une entrée forte dans le monde du design

-Polcha : c’est assez intuitif, c’est assez lâché : une démarche axée sur nos envies écologiques, mais il faut que ce soit fun, il y a une dynamique et une puissance dans la couleur qui donne envie de faire …

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Dessiner et me plonger dans une heure de yoga

Le pays où j’aimerais vivre

 L’Italie

Un /des Créateurs (au sens large)

Dali

Une couleur
Le bleu
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Les femmes

Ce que je déteste le plus

La contrainte

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La liberté

L’état présent de mon esprit

La liberté

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

L’impatience

 

 

Ma devise

« Carpe Vitam » (Saisis la vie)

Dîner idéal

Italien bien sûr

Le monde de demain en quelques mots ?

« Carpe Vitam » (Saisis la vie)