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LE TRAIT Episode 49- Une biennale pour le design à Messine

LE TRAIT Episode 49- Une biennale pour le design à Messine

LE TRAIT- Episode 49 – Une biennale pour le design à Messine 

Le Trait a rencontré l’architecte et urbaniste, Alfonso Femia, dans le 10e arrondissement de Paris au sein des « Ateliers Femia», implantés aussi à Milan et Gênes.

Né en Calabre, diplômé en architecture de l’université de Gênes, intellectuel engagé, Alfonso Femia nourrit une réflexion forte sur la ville, plus généralement le territoire et ses enjeux en termes d’harmonie, de fluidité, mais aussi de développement durable. Il a publié, en 2023, un ouvrage intitulé « Voyages », qui retrace les projets qu’il a porté avec son agence.

Il raconte, dans ce nouvel épisode du Trait, son obsession de livrer des bâtiments nourris par l’histoire des lieux, appelant au dialogue et à l’échange, qui l’obsèdent.

Il s’intéresse aussi particulièrement à l’espace Méditerranéen qu’il envisage comme un laboratoire. Il a ainsi lancé en 2022 la « Biennalle dello Stretto » (la Biennale du Détroit) ; une rencontre autour de l’art, de l’architecture et du design qui a lieu depuis Messine entre Sicile et Calabre.

Alfonso Femia veut décentrer le regard, nourrir l’échange entre différents corps de métier, favoriser la réflexion dans un monde où la perception l’emporte trop souvent sur la cognition, dit-il.

« Nous cherchions un territoire, pas une ville. Pour la première fois une biennale porte un nom de territoire. C’est très fort d’un point de vue politique et géographique. On a transformé un lieu de séparation en un lieu de débat. Nous voulons créer une conscience à travers la connaissance. Notre société sépare complètement la perception et la cognition des choses. Nous voulons réconcilier les deux. Il faut retourner au temps long, s’arrêter, réfléchir, revenir »…

Le Trait est très heureux d’être partenaire de l’édition 2024 qui aura lieu du 14 septembre au 18 décembre 2024.

Plus d’informations:

LA BIENNALE DELLO STRETTO 2024 / COMING SOON – Atelier(s) Alfonso Femia AF517Atelier(s) Alfonso Femia AF517 (atelierfemia.com)

Verbatim

« J’ai voulu réfléchir autour de la Méditerranée et de l’invisibilité. Invisibilité : c’est quelque chose qui existe mais que nous n’avons plus la capacité de regarder, ou alors ce n’est pas l’objet de notre regard.

-Nous ne pouvons pas perdre la richesse de la Méditerranée. La Méditerranée est un laboratoire exceptionnel, par exemple l’eau. L’eau est devenue sentinelle de tous les aspects. Il faut par exemple redonner de l’espace à l’eau. Dans le nord de l’Europe, on commence à détruire des digues.

-Biennale du Détroit : nous cherchions un territoire, pas une ville. Pour la première fois une biennale porte un nom de territoire. C’est très fort d’un point de vue politique et géographique. On a transformé un lieu de séparation en un lieu de débat. Nous voulons créer une conscience à travers la connaissance. Notre société sépare complètement la perception et la cognition des choses. Nous sommes une société de perception. Nous voulons réconcilier les deux.
Il faut retourner au temps long, s’arrêter, réfléchir, revenir. C’est la continuité aussi du projet de la Biennale. Lors de la première édition, 10000 personnes sont passées ici, dans ce détroit.

-On doit avoir le courage de réhabiliter et pas de détruire. Je suis pour la réhabilitation des friches industrielles par exemple.

-Je ne suis pas pour la décroissance mais pour retrouver l’équilibre. Ce qui permet le dialogue, la discussion en mettant le projet au centre.
Nous avons perdu l’idée de l’équilibre, on pense toujours qu’on peut avoir une croissance continue. C’est une folie. L’équilibre c’est aussi le projet, discuter. Il y a toujours un point d’équilibre dans un projet.

-Migrations, accueil dans la ville : le problème de l’accueil traduit une exigence que la politique ne voit pas, car il n’y a pas de volonté. La dimension de l’invisibilité de l’Europe vers l’Afrique est incroyable. Nous sommes un continent vieux, statique, en décroissance et nous avons juste en face un continent qui, dans les prochaines années, aura une croissance très dense avec des ressources.

-On parle de traiter la migration mais on doit partir d’une autre vision de l’Afrique. Il faut changer nos points de vue. Comment imaginer la situation dans le temps long ? Cela doit faire partie d’une vision européenne, méditerranéenne sans cela on ne peut pas avoir une vision du futur de l’Europe.

-Ce qui est important pour nous à l’agence (50% de projets publics, 50 % de projets privés); c’est la recherche. Il y a des règles à respecter (architecturales), mais il y a aussi des contrastes dans un lieu. Nous cherchons une écriture capable de dialoguer avec le contexte. Nous aimons des projets ancrés. Pour nous, un projet qui trouve un équilibre entre une réponse urbaine, architecturale, technique, esthétique, social est bon projet ».

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

la musique

Le pays où j’aimerais vivre

la Méditerranée

Un /des Créateurs (au sens large)

Caravaggio

Une couleur
bleu
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Jeanne d’Arc et ma mère

Ce que je déteste le plus

l’incapacité à écouter un minimum et à faire émerger un dialogue

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

les personnes avec des sentiments, la capacité de ressentir, la réflexion faite avec la tête et le cœur, les rêves et la réalité

L’état présent de mon esprit

méditerranéen

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

 toutes les erreurs sincères

 

 

Ma devise

Responsabilité et générosité

Dîner idéal

Au milieu d’un paysage, les pieds dans le sable, vers l’horizon

Le monde de demain en quelques mots ?

Responsabilité et générosité

LE TRAIT Episode 48-Charlotte Tarbouriech, l’intrépide.

LE TRAIT Episode 48-Charlotte Tarbouriech, l’intrépide.

LE TRAIT Episode 48- Charlotte Tarbouriech, l’intrépide

Le Trait a rencontré Charlotte Tarbouriech dans son atelier du 11e arrondissement de Paris, parmi ses créations et ses outils. C’est une jeune femme de trente ans, blonde et gracile, qui nous reçoit. On comprend très vite que derrière ce physique, se cachent une personnalité très affirmée, un goût certain de l’aventure et de l’intrépidité, une revendication de liberté et de sincérité.

Fille de « trader », scolarisée un temps (jusqu’à ce qu’on lui demande de partir), chez les jésuites à l’école Franklin (Paris 16e), elle entame un chemin de traverse (au regard des exigences familiales) et rejoint, après avoir effectué un an à l’école Penninghen, le studio Berçot qui a formé beaucoup de designers, mais a fermé depuis. Personnalité solaire, très peu adaptée, dit-elle à l’école, elle s’y épanouit totalement (tout en profitant aussi de la vie parisienne…). Elle commence une carrière de consultante en mode (notamment dans le secteur des souliers) et, en plein Covid, décide avec une amie de longue date, Pauline Leyravaud, de créer la marque POLCHA.

Le studio POLCHA explore tous les champs du design : création de mobilier, aménagement intérieur, scénographies, décors, installations…

Les créations se veulent à la croisée de l’art et du design avec des œuvres très audacieuses et personnelles, colorées et pop, avec un parti pris originel d’upcycling.

On a pu retrouver POLCHA à la Bibliothèque historique de la ville de Paris lors de la dernière Design week, à Art Basel (Miami). Certains objets de la marque sont entrés au Mobilier national.

Nous avons demandé à Charlotte Tarbouriech d’évoquer avec nous l’expérience de création d’une marque trois ans après son lancement et s’il est difficile de maintenir ses convictions de départ quand on est confronté à la réalité d’une entreprise.

Bonne écoute !

VERBATIM

« Je me définis comme un électron libre. Ce qui me caractérise, c’est ma liberté mais aussi mon angoisse. Je suis partie à Londres assez vite pour travailler avec Nicolas Kerkwood. Il y avait aussi d’autres noms qui me fascinaient : Peter Pilotto notamment.

-j’adore les usines cela a toujours été ma passion…J’en ai visité beaucoup !

-POLCHA : Avec Pauline, on s’est dit qu’on devait faire quelque chose dans l’upcycling. J’adore la couleur et les univers graphiques, Pauline, elle, c’est le trompe-l’œil, les fresques. On s’est associées.

-On travaille sur des meubles qu’on chine. Ce sont des pièces uniques. Le problème que cela nous a posé : il faut remettre chaque meuble en état puis les meubles sont signés et donc on peut se poser la question : à partir de quel moment en transformant un meuble, il peut nous être attribué …

-Nous réfléchissons maintenant au développement. Il nous faut trouver une solution plus viable. On est beaucoup dans l’auto-financement. Venant du milieu de la mode, je n’avais pas forcément les contacts dans le monde du design.

-On est très fort sur notre proposition visuelle mais cela peut aussi faire peur…D’un point de vue esthétique, nous ne sommes pas très français. Notre proposition est peut-être plus adaptée à l’Italie, aux États-Unis. Nous sommes également intéressées par les scènes mexicaine et brésilienne qui font une entrée forte dans le monde du design

-Polcha : c’est assez intuitif, c’est assez lâché : une démarche axée sur nos envies écologiques, mais il faut que ce soit fun, il y a une dynamique et une puissance dans la couleur qui donne envie de faire …

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Dessiner et me plonger dans une heure de yoga

Le pays où j’aimerais vivre

 L’Italie

Un /des Créateurs (au sens large)

Dali

Une couleur
Le bleu
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Les femmes

Ce que je déteste le plus

La contrainte

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La liberté

L’état présent de mon esprit

La liberté

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

L’impatience

 

 

Ma devise

« Carpe Vitam » (Saisis la vie)

Dîner idéal

Italien bien sûr

Le monde de demain en quelques mots ?

« Carpe Vitam » (Saisis la vie)

LE TRAIT Episode 47-Tristan Lohner

LE TRAIT Episode 47-Tristan Lohner

LE TRAIT Episode 47- Tristan Lohner Séduction massive

 

 

Tristan Lohner est l’un des grands noms du design (la lampe Balad de Fermob, c’est lui). Il est également DG du groupe de distribution de meuble RBC. Ce qui frappe en le rencontrant est l’impression d’une certaine humilité, un besoin de recherche permanent et un esprit en éveil. Il estime son parcours « chaotique ».  Issu d’une famille d’artistes (son père est le peintre et dessinateur Pierre Lohner), il commence des études de commerce, mais ne se plaît pas dans cette voie.

Sa vie bascule quand il rejoint l’armée (il n’a pas réussi à se faire réformer…). Il reste deux ans sur un bateau dans l’océan Indien où il se lie d’amitié avec un collègue ébéniste et se met à l’aider. C’est le déclic. Il rentre de l’armée et décide qu’il veut faire ce métier. Il prend des cours à l’école Boulle où il obtient un brevet en métier d’art en ébénisterie. Il suit aussi les enseignements de l’école d’ameublement « A la bonne graine ». Il y fait une rencontre décisive, « un maître », dit-il, l’ébéniste Bernard Daudé (auteur notamment de l’ouvrage : « Ebenisterie : les premiers gestes»).

Tristan Lohner découvre un métier, « le privilège de manier » : « partir de rien et faire quelque chose de très simple ». Il apprend comment faisaient les anciens… Il intègre plus tard les Arts décos – l’école était intéressée par le savoir de l’ébénisterie – et y fait une autre rencontre importante : celle du designer Jean-Marie Massaud qui l’encouragera à devenir designer.

Dans cet épisode, Tristan Lohner raconte son parcours, partage sa réflexion sur le design. Il est d’abord habité par l’envie de toucher, de séduire le plus grand nombre.

VERBATIM

« Le succès est redouté, espéré… Lorsqu’un objet qui, au départ, est d’abord un fantasme, un dessin, une projection, quelque chose de l’ordre de l’intuition devient réalité, existe, rencontre son public, dépasse les frontières et se vend à plusieurs millions d’exemplaires, c’est un peu magique, cela relève presque de l’intime. C’est le principe du design qui repose sur la reproductibilité…

– Pour la lampe Balad de Fermob : c’est émouvant de voir que l’on pense à un objet à des moments extrêmement intimes et que cela a du succès : une sorte d’écho qui se perpétue…

– Mon parcours est hétéroclite, pas du tout tracé. J’ai fait des études commerciales. J’étais très malheureux. Je suis parti à l’armée dans la marine. J’ai connu un ébéniste et je me suis mis à l’aider. Quand je suis rentré, j’ai voulu être ébéniste et je suis allé à l’école Boulle.

– Le rapport au dessin: je me suis raccroché au design car le dessin de design est un dessin particulier entre l’ingénierie, l’aspect formel et l’intention. Le design pour moi, c’est une réponse. Cela s’est imposé à moi. Il y a des designers qui sont de bons dessinateurs. Il y a cette école du dessin dans le design (dont Jean-Marie Massaud) mais avec un père dessinateur avec un tel talent, cela a peut-être été écrasant.

– J’aime à penser que le designer n’est pas réellement un artiste : nous sommes des gens au service des autres. Le design ; c’est le rapprochement de deux paradoxes. Le monde de l’argent se rapproche du sensible, le monde de l’entreprise prend dans ses bras le monde de la création. Le design est la réunification de deux mondes qui ont toujours été dos à dos.

– La question du beau se pose pour un designer, mais celle de la culture aussi…

– Je veux toucher le plus grand nombre. Je ne pourrais pas proposer un canapé à 15000 euros».

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

Être avec ceux que j’aime

Le pays où j’aimerais vivre

Là où je vis actuellement, en France, sur la butte Montmartre, en 1950 

Un /des Créateurs (au sens large)

Sans aucune hésitation, Jean Sébastien Bach.

Je ne crois pas en dieu, mais je crois en Bach.

Il incarne ce que l’être humain a de plus magnifique : la transcendance et une beauté absolue, mêlées à une immense sensibilité.

Sa musique m’accompagne tous les jours.

Et puis Rembrandt aussi.

Son œuvre est à couper le souffle, la profondeur de son regard dans les autoportraits porte toutes les questions de notre humanité. 

 

Une couleur
Je n’ai pas de couleur préférée.
Ce que j’aime dans les couleurs, comme pour les êtres, c’est le principe même de leur infinité 
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Toutes celles et tous ceux qui se sont battus et qui se battent encore, sur tous les fronts de toutes les guerres, et qui donnent leur vie pour des idéaux de liberté.

Ces inconnus, ceux qui se battent pour les enfants, ce sont eux les vrais héros.

Ce que je déteste le plus

Les fondements même de la méchanceté : être dur avec les faibles, et faible avec les forts. 

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La vraie gentillesse et la vraie naïveté, deux qualités qui ne se cultivent pas mais qui sont innées.

Il est très difficile d’être un vrai naïf, c’est garder son regard d’enfant sur le monde et sur les êtres.

 

L’état présent de mon esprit

Un pessimisme plein d’espoir 

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

Celle que l’on fait par amour. 

 

 

Ma devise

 Ne pas subir 

Le monde de demain en quelques mots ?

 La terre nous a préexisté et sera là bien après nous.

La question est de savoir ce que nous allons faire de cette planète et de nos sociétés.

Je crois en la capacité de l’être humain à se réinventer, je crois en l’art et aux artistes, je crois en l’imagination des enfants.

L’humanité c’est Hitler, Poutine et Trump, mais c’est aussi Michel Ange, Miles Davis, Victor Hugo et Simone Veil.

Partout la vie est remplie de courage et de beauté, notre avenir se construit aujourd’hui, tout de suite. 

Dédicace

LE TRAIT Episode 46- Au nom du père

LE TRAIT Episode 46- Au nom du père

C’est une invitation au voyage à laquelle vous convie le Trait pour cet épisode. Patricia Marinho est la fille de Noël Marinho. Ce nom n’est pas forcément très connu en France et pourtant, Noël Marinho (1927-2018) est l’un des grands architectes brésiliens à avoir participé à l’apogée de l’architecture moderne brésilienne à partir du milieu des années 1950 avec Oscar Niemayer notamment.

Patricia Marinho nous raconte son père, ses années d’apprentissage, son parcours initiatique en Europe après avoir obtenu son diplôme en architecture de l’université du Brésil, en 1952.

Noël Marinho participe ensuite, à partir du milieu des années 1950, à la construction de Brasilia aux côtés de Oscar Niemayer et Lucio Costa. Il a poursuivi une carrière entre l’architecture, l’art et le design. Il a également travaillé avec les architectes Mauricio Dias et Salomão Tandeta.

Noël Marinho a légué à sa fille toute une collection de dessins. Elle-même architecte et designer, elle perpétue l’héritage de son père qu’elle avait rejoint dans son cabinet en 1985, au travers d’une marque dédiée, créée en 2005 (avec l’associé de toujours Manuèle Colas).

Patricia Marinho multiplie désormais les collaborations pour faire revivre les dessins de son père. Nous l’avons  rencontrée au sein du Showroom Toulemonde Bochart à Paris, dans le premier arrondissement, où elle présentait une collection Marinho…

Pour en savoir plus: About – Noel Marinho

VERBATIM

« Quand Noël avait 25 ans, il est parti en Europe étudier à Stockholm puis il a passé du temps entre la France et l’Italie : il a connu les grands noms de l’architecture moderne de cette époque notamment Ernersto Rogers qui a beaucoup compté pour lui … 

Cette époque des années 1950-60 a beaucoup imprégné son travail par la suite…

Il a été invité à rejoindre l’expérience de la construction de Brasilia qui a duré cinq ans. Il en était très fier. C’est un moment très important de l’architecture brésilienne. Puis, il est rentré à Rio fonder son cabinet… 

Mon père était très à gauche. Il dessinait les affiches des manifestations. Il a eu des problèmes au moment de la dictature et il est allé en prison… 

J’ai passé mon enfance à Rio. On allait beaucoup visiter ses chantiers avec ma sœur…Cela a sûrement laissé une trace, j’ai fait des études d’architecture comme mon père.

J’ai décidé de créer la marque Noël Marinho pour faire vivre l’œuvre de mon père et ses dessins.

Il était un architecte designer : il dessinait aussi des bijoux, des chaises, des carrelages…

On s’est lancées dans la fabrication de tapis, mais on voulait un fabricant à l’extérieur pour des raisons de logistique et de marché. La marque Toulemonde Bochart s’est imposée. Toulemonde Bochart travaille avec beaucoup de designers et nous correspond bien : Anne Sebaoun nous a très bien accueilli ! 

Le Brésil commence à émerger en matière design. Il y a beaucoup de possibilités aujourd’hui… ».

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

LIRE ET ALLER AU CINÉMA.

Le pays où j’aimerais vivre

J’AIMERAI ME PARTAGER ENTRE UNE MOITIÉ DE L’ANNÉE À RIO DE JANEIRO ET L’AUTRE MOITIÉ À PARIS.

Un /des Créateurs (au sens large)

SÉRGIO RODRIGUES, ACHILLE CASTIGLIONI

Une couleur
ORANGE
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

LA BANDE DÉSSINÉE LITTLE LULU ET, DANS LA VIE REELLE, CHARLOTTE PERRIAND

Ce que je déteste le plus

LES GENS MAL ÉLÉVÉS

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

LA GÉNÉROSITÉ

 

L’état présent de mon esprit

LA JOIE

 

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

LES GENS QUI SONT EN RETARD ( AVEC UNE BONNE RAISON!)

 

 

Ma devise

AVOIR TOUJOURS UN « PLAN B »

Le monde de demain en quelques mots ?

 MALGRÉ LES PROBLÈMES DU MONDE, L’HUMANITE GARDE ESPOIR, C’EST RECONFORTANT.

Dédicace

LE TRAIT Episode 45- Une certaine idée de la mode

LE TRAIT Episode 45- Une certaine idée de la mode

Le Trait-# 45- Colette Maciet

Une certaine idée de la mode

 

Colette Maciet a travaillé comme couturière auprès des plus grands créateurs : Chanel, Karl Lagerfeld, Saint-Laurent, Givenchy, Galliano…. Un parcours singulier qu’elle raconte dans un livre « Haute couture » publié aux éditions Michel Lafon. Dans ce récit, elle nous entraîne dans l’envers du décor celui des ateliers et de celles qu’on appelle communément « les petites mains »…

Née en 1946, en Normandie, à Quetreville-sur-Sienne, issue d’un milieu modeste, elle arrête l’école à 14 ans avec le certificat d’étude en poche. Sa mère lui demande alors de choisir entre la couture et la coiffure.

Colette Maciet choisit la couture et entre chez Chanel, en septembre 1960, comme apprentie : un épisode savoureux de l’ouvrage. Elle gravit le grand escalier mythique du 31 rue cambon, intimidée, et quand elle ouvre la porte de l’atelier, elle a un choc : elles sont toutes si vieilles, écrit-elle…Elle doit aussi utiliser le téléphone pour passer les commandes mais ne sait pas s’en servir…Elle est également très intimidée par Coco Chanel qui n’était pas toujours commode.

Ce sera le début d’une longue passion. Elle raconte dans son ouvrage la hiérarchie d’un atelier de haute couture et sa volonté de gravir les échelons pour devenir « première main ». Tout est en effet hiérarchisé dans un atelier : apprentie, seconde main qualifiée, première main débutante, première main qualifiée, seconde d’atelier, enfin première d’atelier…le graal. Colette Maciet devient première d’atelier en 1977 chez Hanae Mori, seule Japonaise à avoir obtenu le label « haute couture » en France.

Comme l’écrit Ines de la Fressange, dont Colette Maciet est restée proche depuis ses années Chanel, dans la préface: « La première d’atelier reçoit les informations du couturier. C’est l’interlocutrice principale. C’est aussi la personne qui donne à chacun son travail dans l’atelier et attribue les modèles aux différentes personnes. Il faut comprendre le souhait du couturier, avoir la sensibilité pour l’imaginer et surtout le talent pour lui donner forme et parfois aussi proposer un détail que le couturier n’avait pas vu … ».

Colette Maciet raconte « l’âge d’or » de la mode, mais aussi la période qui a suivi, moins réjouissante pour les créateurs. « Pinault et Arnault se livrent à un partage des maisons. La haute couture ne relève plus de l’art mais du coup d’éclat », écrit-elle. L’ambiance change…

On sent que l’auteur avait un respect infini pour Hubert de Givenchy et se désole qu’il soit désormais considéré comme un employé et pas un créateur. Givenchy est remplacé par John Galliano. Une certaine conception de la haute couture se termine alors, estime Colette Maciet. Constat qu’elle réitère avec l’arrivée d’Alexander Mc Queen.

La haute couture devient du marketing mais, peut-être, s’ouvre-elle à un plus grand nombre (ou en donne-t-elle l’illusion avec le développement des produits dérivés).

Colette Maciet rebondit chez Saint-Laurent qui a aussi beaucoup compté pour elle. Saint-Laurent décidera  de mettre fin à sa carrière en 2002 dans un discours poignant : « Cette époque n’est plus la nôtre. La création et le marketing ne font pas bon ménage »…

Le récit est piquant, truffé d’anecdotes et reste un témoignage précieux sur une période révolue où la mode habillait 250 familles au plus.

(photo : Gilles Maciet)

Verbatim

 

« Être apprenti (e); c’est apprendre son métier, le métier de couturière ; tout ce que les premières mains ne font pas. Je ne voulais pas rester apprentie…Je voulais un diplôme, j’ai passé mon CAP ».

« Coco Chanel ne dessinait pas. Elle appelait les chefs d’atelier leur expliquait ce qu’elle voulait. C’était un travail d’équipe. Je ne pense pas que cela se passe comme cela aujourd’hui chez Chanel. Karl Lagerfeld donnait des croquis, Virginie Viard aussi».

« La mode ne relève plus de l’art, mais du coup d’éclat ».

« Je ne voudrais pas retourner dans les ateliers de haute couture, je serais déçue. Il faut que cela rapporte. Un tailleur Chanel à mon époque : tout était fait à la main… »…

Questionnaire de Proust :

Occupation idéale

La couture.

Le pays où j’aimerais vivre

La France.

Un /des Créateurs (au sens large)

Chanel, Yves Saint-Laurent, Karl.

Une couleur
Mes héros-héroïnes fiction/vie réelle

Mon mari.

Ce que je déteste le plus

Le mensonge.

Ce que j’apprécie le plus chez les autres

La sincérité.

L’état présent de mon esprit

Calme.

La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

La gourmandise.

 

Ma devise

La persévérance.

Le monde de demain en quelques mots ?

Ni optimiste, ni pessimiste.

Dédicace